dimanche 15 mars 2020

Savill Garden, le jardin de Sir Eric

Entre Brexit et coronavirus, chacun  chez soi, mieux vaut continuer à voyager depuis son "home"... et publier ces articles sans attendre le joli mois de mai (?)
Première étape lors du voyage en Angleterre en mai 2019 Savill Garden, un jardin créé dans les années 1930 en lisière sud-est du parc royal de Windsor (Windsor Great Park).
 
A la demande du roi d'Angleterre George V et la Reine Mary, Eric Savill, inspecteur du parc de Windsor, entreprit d'éclaircir 10ha de forêt en friche pour aménager un jardin sur les deux versants d'un fond de vallon humide, d'où le nom initial du jardin "The Bog Garden". 
Photo Xavier Aubourg
Il dessina ruisseaux et petits étangs alimentés par des sources et introduisit sous le couvert des grands arbres conservés de nombreuses espèces ornementales.  Il créa ainsi un jardin forestier sauvage (woodland garden) et un jardin de marais dans un esprit très naturel. 
Photo Xavier Aubourg
Le succès du jardin fut tel que dans les années 1950 le roi George VI changea son nom en Savill Garden et Sir Eric Savill fut anobli. Fort de cette réussite on agrandit ensuite le jardin planté de différentes espèces de rhododendrons et d'azalées Kurume du Japon.
Photo Xavier Aubourg
Les plantations du jardin forestier ont été associées en fonction de leur intérêt aux différentes saisons : ainsi selon le moment on choisira de découvrir le Bois d'Eté, le Bois d'Automne... En mai 2019 nous avons évidemment privilégié le Bois de Printemps (Spring Wood) et la Promenade des Azalées (The Azalea Walk).

Une harmonie de rouges plus ou moins saturés. Photo Xavier Aubourg
Les somptueux sous-bois de rhododendrons, azalées, camellias se révèlent par d'étroits sentiers, de simples allées d'un "jardin sauvage". 
 Rhododendrons et azalées étagés ici en massifs rouges, roses et blancs. Photo Xavier Aubourg
En mai bien sûr nombre de rhododendrons et azalées étaient en pleine floraison. Ayant atteint l'âge adulte, les arbustes forment de grands volumes savamment entremêlés en harmonies de couleurs. 
Les grandes espèces ont pris des dimensions immenses et les floraisons de certains sujets ne sont visibles qu'en hauteur ou de loin. 
Je me suis attardée (...pas la seule, Xavier  et Nadine Aubourg aussi. Merci pour les photos) sur plusieurs rhododendrons portant des fleurs "campanulées" ou en clochettes (plus gracieuses à mon sens que les rhododendrons aux grandes fleurs serrées en gros bouquets ronds et compacts). Leurs coloris sont aussi nuancés et délicats. Plusieurs noms étaient à retenir.
Le rare rhododendron Arthur Stevens
J'ai ainsi découvert le rhododendron Arthur Stevens (un hybride de r.souliei x Coronation Day).  Les boutons roses s'ouvrent en blanc avec un fin coeur rouge. Le feuillage allongé en cuiller, vert foncé, a un revers plus pâle. Le port de l'arbuste est tout sauf guindé et la hauteur moyenne, environ 2m.
  
Parmi les associations très réussies, en blanc sous un immense rhododendron loderi King George (r.fortunei x r. griffithianum) l'azalée Palestrina (une de mes préférées...).
Le même rhododendron loderi King George dans lequel grimpe une clématite montana (grandiflora alba?). "Gorgeous !". Photo Xavier Aubourg
En lisière de sous-bois des rhododendrons yakushimanum hybrides plus ou moins nains (1m environ) sont nombreux. J'en ai remarqué plusieurs : Golden Torch (jaune pâle crème sur des boutons saumonés), Bambi (des fleurs rose orangé pâlissant ensuite, lumineux sans être criard à mi-ombre), Hydon Velvet
Le rhododendron nain Hydon Velvet, un hybride de r.yakushimanum et de r.bureavii, a le revers de ses feuilles orangé. Les fleurs rose pêche à l'ouverture virent au blanc.
Photo Xavier Aubourg
Plus récemment de nouvelles parties aménagées du Savill Garden ont été livrées aux horticulteurs : leur conception très formelle, les collections diverses dans les jardins d'été (vivaces, jardins de roses, plantes alpines, méditerranéennes etc..), sont tout autre chose. Nous n'étions pas venus là "pour çà".
Mais j'ai été séduite par le charme de cette modeste et désuète remise du jardinier, entretenue et soignée dans tous les détails : quelques joubarbes sur les ardoises, une clématite de printemps sur la palissade, une jolie fontaine en zinc... 

2 commentaires:

Maryline a dit…

Tes choix de photos sont toujours un régal, j'aime beaucoup notamment la première ainsi que celle de la promenade des azalées avec son dégradé de de tons rouges,roses. Pour ma part je n'aime pas trop quand on passe brutalement d'un ton à un autre mais les goûts et les couleurs. Beaucoup de charme en effet pour cette tite remise de jardin ! Enfin, ta sélection des rhodo Arthur Stevens, rhodo à fleurs campanulées et azalée Palestrina que je ne connaissais pas m'enchantent littéralement. Parmi toutes mes ignorances, jusqu'ici je n'aimais pas particulièrement rhodo et azalées et grâce à toi j'en viens à les apprécier. Je crois que c'est toujours pour la même raison, des parcs de collections aux coloris trop chamarrés .Une douce journée et un grand merci pour ces visites anglaises dont je ne me lasserai jamais.

Dominique a dit…

Moi non plus le télescopage des couleurs, ce n'est "pas mon truc". Il y a quelques scènes à Savill Garden très électriques ou hystériques -comme on veut - (pas photographiés donc). Mais le sous-bois est très dense (effet "jungle"). Les transitions entre les scènes et les couleurs sont assurées par la masse des feuillages .. Le choc des couleurs il faut être très très doué pour le réussir, comme certains grands couturiers.
Les rhodos il a bien fallu que "je m'y colle" en arrivant ici car il y en avait une petite quinzaine âgés de 30 à 40 ans en 4 lieux du jardin. Tu me donnes une idée pour un prochain article. Merci.