samedi 14 novembre 2020

Cet automne au Parc Oriental de Maulévrier

 Puisque ce week-end de grandes marées avec son lot de coups de vent et de pluie en rafales contraint la jardinière à "ne pas mettre le nez dehors", j'ai envie de partager avec vous les émotions et le plaisir ressentis au Parc Oriental de Maulévrier (49) fin octobre lors de la visite magistralement organisée par Sophie de l'association Balades et Jardins (formidable association de Bretagne Sud découverte il y a un an et à laquelle j'adhère joyeusement). C'était la veille du (re)confinement et ce fut une double chance...les couleurs d'automne de Maulévrier étaient depuis une semaine à leur apogée.

Dans la descente avant même l'entrée du parc, le ton est donné 

 La couleur est au sol, généreux tapis de feuilles d'érable... 

(Les couleurs d'automne cette année sont particulièrement somptueuses en beaucoup de régions. Sans doute grâce au coup de froid soudain, même éphémère, courant septembre après les fortes pluies d'août). 

Au Parc Oriental de Maulévrier, merveilleux jardin empreint des traditions japonaises, quelles leçons! Les perspectives en courbe vous incitent à aller plus loin, les formes douces et organiques des tailles d'arbustes combinent la pierre et le végétal.

Le parc a été aménagé dans les premières années 1900 au fond d'un vallon de part et d'autre d'une pièce d'eau créée artificiellement, en s'inspirant des principes et des codes des jardins japonais.

Le jardin japonais classé de 12 ha longtemps abandonné, racheté par la commune en 1980, puis patiemment réhabilité est aujourd'hui entretenu par des jardiniers professionnels et animé par une équipe de bénévoles.

Erable palmatum, eunonymus alata, prunus valorisent mutuellement leurs silhouettes, la forme différente de leurs feuillages, leurs couleurs saturées rouge, rose et jaune


La pièce d'eau est centrale.  Sur ses bords d'immenses cyprès chauves, saules gigantesques...  

Sur la rive droite plus étroite on longe le bord de l'eau, dans une scène impressionniste
 
Feuillages persistants et caducs, masses compactes (arbustes taillés et blocs de pierre), ports aériens et élancés des arbres, pelouses et mousses forment un tout, un jardin-paysage
Au printemps les couleurs seront données par la floraison des magnolias, azalées, cerisiers à fleurs, rhododendrons..

 
Chaque arbuste est placé et "travaillé" en fonction de l'ensemble


De grands hydrangeas paniculata échevelés entre les masses compactes d'azalées japonaises taillées

L'équilibre des pleins et des vides, les couleurs flamboyantes et dorées en ponctuations dans une ambiance de verts subtils, la sérénité qui s'en dégage...font du bien.

Aux antipodes du "trop plein", du "toujours plus" que l'on peut constater parfois dans les jardins - j'avoue avoir eu moi-même du mal à résister à cette tendance (révélateurs d'une société de surconsommation ?) -. Comment trouver l'équilibre avec la curiosité et l'enthousiasme insatiables (c'est peut-être là qu'est le problème...) de la jardinière?

 Un dernier regard avant la fermeture, on s'est promis de revenir au printemps...

Ici j'ai adopté un principe et m'y tiens : éliminer sans état d'âme mes erreurs, ne pas garder des végétaux si finalement "ça ne colle pas" avec l'esprit du site (de très beaux arbres et arbustes pourtant que j'avais plantés soigneusement et que j'admire en d'autres lieux). Ils ont rejoint des jardins amis : acer palmatum Ozakazuki, hydrangea involucrata Tokado Yama, rhododendron cilpinense... C'est aussi une leçon que j'ai retenu de mes lectures de la grande Greta Sturza (Le Vastérival) (*)

(*) Le Vastérival. Jardin d'une passion. 1998 (on le trouve encore d'occasion). 

Pour en savoir plus le site internet du Parc de Maulévrier : www.parc-oriental.com

Cf. aussi "L'esprit du Japon dans nos jardins". Jean-Paul Pigeat. Ulmer. 2006.2012

dimanche 27 septembre 2020

Oser un labyrinthe

 

Un peu à l'écart, dans un angle discret d'un jardin par ailleurs décontracté et fleuri, un labyrinthe très personnel a été dessiné et planté. Il forme un lieu à part, propice au jeu des enfants ou à la méditation, tout en poésie.  

Le labyrinthe s'enroule autour d'un figuier, point focal au centre du parcours. Les haies étant composées de plusieurs essences persistantes et caduques, les contrastes de formes et de couleurs des feuillages, les différentes figures géométriques, la taille angulaire ou arrondie des arbustes, tout est plaisant. Les proportions sont parfaites. Le figuier soigneusement taillé en "candélabre" maintient sa belle silhouette et de justes proportions. Et comme la hauteur du labyrinthe est contenue bien en deçà du regard on s'y aventure sans retenue.

Clin d'oeil amusant (ou symbolique ? chacun y voit ce qu'il veut...) on enjambe des fraisiers des bois pour y entrer.

                

If, lonicera nitida, buis, pittosporum tenuifolium variegata, hêtre sont associés dans la composition qui visiblement évolue avec le temps.Un labyrinthe en mouvement... qui l'eut dit?

Ce jeu de potées comble temporairement (?) les lacunes d'une impasse en formation


 

mardi 22 septembre 2020

La délicate chelonopsis yagiharana

Le long du talus, quelques digitales sauvages au printemps (digitalis purpurea), la chenolopsis yagiharana pour l'automne... Vantée par Cédric Basset (pépinière Aoba) lors d'une conférence en décembre dernier, j'ai eu envie d'expérimenter cette vivace japonaise, une autre espèce asiatique de chélone. Il y a 3 ans j'avais introduit avec succès au jardin la chelonopsis moschata alba (des touffes hautes et vigoureuses - 70cm -, très florifères, un port léger, arqué de longues tiges, un peu comme des polygonatum, en plus souples).

La chenolopsis yagiharana toute jeune encore, plantée au bas du talus, à mi-ombre, s'avère bien résistante au sol sec et assez pauvre. Cette vivace caduque, courante au Japon, a la réputation d'une "plante facile", à condition que le sol soit drainant. - Dans son milieu d'origine, l'ile de Honshu au Japon, elle se développe en montagne entre les rochers -.  

La chenolopsis yagiharana ne craint ni le froid ni le soleil. Ses caractéristiques sont les mêmes que la "moschata" en moins haut (40cm), avec des fleurs groupées et plus denses. Ici elle est en fleurs depuis début septembre et fleurira, j'espère, tout l'automne. Elle vit longtemps et s'étoffera chaque année...

Le pied du talus au "jardin naturel" : polystichum tsus-simense, corydalis ophiocarpa, geranium pyreneaicum Billis Wallis, heuchera Ebony & Ivory,  ajuga reptans purpurea... 
 

lundi 14 septembre 2020

wilsonii, wilsonii...qui étiez- vous Monsieur Ernest Henry Wilson ?

C'est simple d'aimer les plantes, ...difficile de garder leur nom en mémoire, d'en comprendre le sens et l'origine. J'étais intriguée par ce "wilsonii" maintes fois mentionné et j'ai cherché. "Wilsonii" rappelle Ernest Henry Wilson, un personnage hors du commun auquel nous, jardiniers et jardinières d'aujourd'hui devons beaucoup.
Pendant vingt ans au début du 20ème siècle Ernest Wilson a voyagé dans d'innombrables pays en Asie, Australie, Nouvelle Zélande, Inde, Ceylan, Afrique pour établir des contacts avec des jardins et des botanistes. 
Sa première expédition vise à retrouver le davidia involucrata décrit par le père David. Puis l'Arnold Arboretum de Harvard (USA) lui demande de rapporter des graines et boutures de plantes issues des zones tempérées de la Chine.
Une vie d'aventurier explorateur enthousiaste et inlassable. En 1927, il sera nommé "Plant Hunting", chasseur de plantes, et connu aussi du surnom "the chinese Wilson".
Récemment encore un un journal canadien (le Soleil. 11 août 2016) le désigna comme "l'Indiana Jones" de la botanique (*). 
 
Ernest Wilson a introduit aux USA et en Angleterre à peu près 1200 espèces d'arbres, + de 1000 espèces d'arbustes, + ou - 100 000 herbacées, sous forme de graines, bulbes, boutures ou plantes. Il fit des milliers de photographies. De quoi donner le vertige...
Parmi toutes ses découvertes, plusieurs plantes nous sont familières: le kolwitzia amabilis, l'actinidia, le lys royal (lilium regal) découvert dans une vallée isolée entre le Sichuan et le Tibet. Et encore l'acer griseum, la clematis montana, clematis armandii, le rosier hugonis (un de mes préférés), la rosa helenae (dédiée à sa fiancée), l'heptacodion jasminoides...
 
Cela se complique car Ernest Wilson n'a pas découvert toutes les plantes dénommées "wilsonii". Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les plantes sont rarement découvertes par le personnage auquel leur nom est associé ; elles sont baptisées en leur honneur. Ainsi 60 espèces et variétés de plantes d'origine chinoise portent son nom : acer wilsonii, berberis wilsoniae, euonymus wilsonii etc, etc... 
(*) Sur la vie aventurière de E.H.Wilson cf. les sites web de Kew gardens et Le Soleil. article du 11 août 2016
  

mardi 8 septembre 2020

Les clématites maximowicziana et tangutica, deux belles de fin d'été

Leurs fleurs qui apparaissent à la fin de l'été et semblent si fragiles (à tort!) après la rude sécheresse estivale m'émeuvent. Se mêlant aux fruits et feuillages d'automne, leur délicatesse est extrême. 
Voici deux espèces de clématites, introduites en deux endroits bien différents du site.

La clematis maximowicziana du nom d'un botaniste russe/allemand de la Baltique, Carl Johann Maximowicz (2ème moitié du 19è siècle), une clématite aussi connue sous le nom clematis terniflora robusta, a commencé à fleurir les derniers jours d'août. Sa floraison parfumée appréciée des abeilles va se prolonger plusieurs semaines. C'est une vigoureuse japonaise de croissance très rapide, résistante à la sécheresse, au feuillage semi-persistant qui peut vite masquer une construction. Ici je l'ai installé au pied d'un ilex aquifolium JC Van Tol qui a atteint 4m en 6 ans (les 2/3 de sa hauteur adulte, 6m x 2m). Le port étagé et peu dense de ce houx quasi sans épines accueille facilement les tiges de la clématite. 


Les fruits de l'ilex JC Van Tol, très abondants cette année (pour la première fois) sont en train de virer au jaune, orange, au rouge ensuite. L'association des deux sera vive et jolie, la clématite fleurissant à foison jusqu'en octobre.
 La clematis maximowicziana, des premières fleurs et une multitude de boutons
En février, je rabattrai totalement cette clematis maximowicziana à 20 cm afin de la maintenir dans de bonnes proportions (je l'espère...).
Les clématites d'une autre espèce c. tangutica sont bien plus lentes à s'installer. J'en ai d'abord fait l'expérience il y a 10 ans dans mon ancien jardin avec une bouture donnée par Mme de Curel (Potager de St-Jean de Beauregard). Certes j'ai dû déplacer 2 fois le jeune plant pour qu'il se plaise et commence à s'étoffer. Suffisamment développé il a fait partie du déménagement ici en 2012 (dans un sol plus ingrat) et il a peiné plusieurs années, fleurissant depuis deux ans seulement (chichement encore). Mais j'observe avec joie qu'il s'élève enfin en s'appuyant sur les arbustes voisins. Je l'ai nourri bien davantage à l'automne dernier (Bochevo) et ne l'ai taillé en fin d'hiver qu'à 50 cm. 
 La jeune clématite Korean Beauty s'étire d'elle-même jusqu'à atteindre l'amélanchier
La toute jeune encore et ravissante clématite Korean Beauty dite clematis chiisanensis (plutôt selon un spécialiste néerlandais un cultivar de c.serratifolia,du groupe c. tangutica) parait plus vigoureuse. 
C'est "une petite"pourtant, qui grimpera seulement à 2-3m. Le feuillage très découpé, vert clair est gracieux et les fruits plumeux persistent longtemps. Cette clématite parfumée, jaune pâle, je l'ai introduite en 2018 dans la haie libre du bord de route, entre un amelanchier canadensis, un rosier botanique indigène (aux fruits ovales orangés) et un houx sans épines au feuillage vert clair, l'ilex September Charm (qui porte des fruits rouges très tôt en saison ). Un avant-goût des couleurs d'automne...

vendredi 4 septembre 2020

Le charme des Lieux Mouvants


Le rendez-vous de la Fête des plantes de Saint-Antoine en Bretagne  le week-end dernier (29 et 30 août à Lanrivain au sud de Guingamp. 22) était très attendu, et pas seulement du fait de tous les événements annulés au printemps. 
Cette fête des plantes inscrite chaque année au programme du Festival des Lieux Mouvants (reporté lui à 2021. www.lieux-mouvants.com) est magistralement orchestrée par Jean Schalit, directeur des Lieux Mouvants, créateur du Jardin Remarquable du Grand Launay (cf articles des 9/16/26 juillet et 6/12 août 2017) et son équipe. 
Le lieu de la manifestation au village de Saint-Antoine a un charme fou. Les exposants sont répartis entre des longères restaurées, au milieu des ruines ou vers l'ancienne lande.
Les producteurs rassemblés ici sont "des bons, des très bons", toujours des passionnés : Julien Caillarec,  Olivier Galéa (Sous un arbre perché), Laurent Gageot (pépinière de St-Ilan), Laurent Boutier (Lepage bord de mer), Stéphane Messager (Arbr'o fruit)....
On peut satisfaire sa curiosité (insatiable), être intriguée ou s'émerveiller devant des plantes qui nous sont inconnues... 

Julien Caillarec sur son stand, spécialiste de vivaces, hémérocalles, plantes d'ombre, fougères
Je découvre ainsi à chaque fois à la pépinière Bellec des arbustes que Stéphane Bellec prend le temps d'expérimenter avant de les proposer à la vente "pour être sûr...". Cette fois c'est un photinia niitakayamensis (2 à 3m), originaire de Taïwan, au feuillage gracile et élancé, rouge rose l'hiver. Un arbuste semi persistant, mellifère, aux jolis fruits orange. Il va rejoindre la haie libre en mélange du bord de route. 

Le photinia niitakayamensis "déniché" sur le stand de la pépinière Bellec
J'ai salué Cédric Basset et Manon Rivière qui ont cette année réimplanté en Bretagne la pépinière AOBA : leurs 2 "bébés" que j'ai plantés en décembre dernier, un parrotiopsis jacquemontia et un rhododendron triflorum ont remarquablement franchi ce premier été très sec et ont bien "pris du poids" (hauteurs et feuillages).
Jean Schalit organise aussi lors de ces deux journées des rencontres formidables avec des personnalités exceptionnelles : cette année, Francis Hallé, Gilles Clément.... 
Gilles Clément "j'y étais". Il avait choisi pour thème un manifeste, l'importance de la liberté du regard, du regard sur le paysage. Les émotions que chacun de nous ressent face à un paysage nous incitent à choisir des cheminements qui nous sont propres (dans un jardin aussi). Ces émotions nous poussent à l'errance,  diverse selon notre sensibilité, nous permettent de garder en mémoire ce paysage ... et de le retrouver. Tout le contraire de l'oeil dirigé et continuellement fixé sur le GPS, un outil numérique qui détermine notre parcours, fait obéir "aveuglément" et oublier le sens même du mot paysage. 

jeudi 27 août 2020

Au palmarès 2020 des "résiste au sec"

Les grosses averses orageuses qui marquent traditionnellement la bascule du 15 août soulagent enfin les plantes après la grande sécheresse de l'été. Ce répit tant attendu suggère un palmarès des arbres, arbustes et vivaces qui se font remarquer pour leur grande résistance. L'été 2020, je décerne le titre à plusieurs champions parmi les arbres, arbustes, vivaces et fougères. 
Dans la catégorie Arbres, useul est cité, les espèces méditerranéennes étant hors concours (arbousiers, chêne vert...).
* Le cèdre de l'Himalaya : ce grand arbre réclame pourtant une certaine humidité l'été. Se contente-t-il ici (jusqu'à présent) de l'ambiance océanique toute proche? Ces dernières années bien éclairé depuis l'abattage d'un cyprès (planté trop proche il y a 40 ans), le cèdre a rapidement rééquilibré sa silhouette et atteindra peut-être un jour 30 m de hauteur. Ce plein été 2020, il a développé sans broncher ses jeunes aiguilles d'un vert très tendre, si douces au toucher. 
Dans la catégorie Arbustes : 
*Le cornus officinalis : les feuilles n'ont pas grillé, les boutons à fleurs se sont formés normalement, aucun signe de fatigue.
*Les stephanandra tanakae : la croissance se poursuit, le port ne fléchit pas, le feuillage commence tout juste à s'éclairer annonçant sa jolie couleur jaune beurre de l'automne. 
Le grand stephanandra tanakae (planté en 2014) mesure 1,80m. Il s'est bien étoffé et son feuillage très dense  n'a pas souffert de l'été
Les plus jeunes stephanandra tanakae (plantés en 2017) ont lancé de nouvelles tiges vigoureuses aux feuilles nettement plus grandes
* Les pieris japonica : ils semblent imperturbables (contrairement aux rhododendrons dont les feuilles pendantes révèlent - comme les hydrangeas - le manque d'eau). Ils font mentir leur réputation de croissance lente, ayant atteint plus de 2m d'envergure en 7 ans.
Dans la catégorie Vivaces et fougères:
* Les thalictrums delavayi Splendide : ils fleurissent tout l'été comme si de rien n'était, en blanc ou en mauve lilas, en gardant intact leur joli feuillage d'ancolie.
* Le geranium vivace "Tiny Monster" résiste logiquement à la sécheresse puisque cet hybride a du geranium sanguineum dans les veines (si j'ose dire). Méritant bien son nom, il forme un couvre-sol compact qui s'étale à toute allure. Et en plus il fleurira jusqu'à l'hiver...
*La dryopteris buschiana : cette fougère persistante, élancée et gracieuse garde des frondes vert clair toute l'année. On la remarque encore plus pendant l'été par sa légèreté et sa fraîcheur dans les massifs.
Une dryopteris buschiana en arrière-plan d'un hydrangea serrata Shojo. Celui-ci a vite pris ses couleurs lie de vin d'arrière-saison 
D'autres plantes, très jeunes encore, doivent encore faire leurs preuves mais m'ont vraiment étonné cet été (euonymys nanus turkestanicus, parrotiopsis jacquemontiana,clematis jouiniana Robert Brydon..). Il est  possible qu'elles figurent au palmarès l'an prochain...
Les averses récentes ont vite fait oublier le "coup de fatigue"des asters d'automne qui entament leur floraison.

vendredi 14 août 2020

Un hamamélis Diane... à contre sens

Allez comprendre... Cet hamamélis Diane (vous avez bien lu) planté consciencieusement en 2013 à distance du magnolia liliiflora s'est d'abord comporté comme tout bon hamamélis. Comme son cousin (ou plutôt sa cousine) Jelena planté plus bas quasi en même temps. (Les deux sont des croisements horticoles sélectionnés et baptisés à l'arboretum de Kalmthout en Belgique). L'hamamélis Jelena est plus précoce que Diane.
Diane s'est bien installé, a rapidement pris son port en éventail. Premier signal d'alerte l'été 2018 : je remarquai 2 ou 3 fleurs jaunes perdues au coeur du feuillage. 
 
 Des fleurs jaune vif plus grandes que celles de " Diane" d'un rouge profond...

En 2019, sa croissance a été spectaculaire ("normal" après 6 ans de plantation) avec un feuillage particulièrement dense. Des feuilles larges et abondantes...qui ne sont tombées ni avant ni pendant l'hiver, pas avant la moitié du printemps. En janvier les fleurs d'un beau rouge sont restées quasi invisibles parmi les tristes feuilles pendantes d'un cuir terne. 
Mais ce début août 2020, l'arbuste a soudainement refleuri ... de fleurs jaune vif sur la totalité de l'arbuste. A contre-courant de tout ce qu'on croit connaître. 
L'hamamélis en fleurs sur toutes ses branches de 2 ans et plus

De quoi être perplexe : Pourquoi une floraison en plein été ? Un porte-greffe "qui prend le dessus"? "Le chant du cygne" d'un arbuste annonçant sa mort prochaine ? Peut-être la première hypothèse. Remontons la piste. Diane et Jelena sont le résultat de croisements de deux espèces l'hamamelis mollis (de Chine) et l'hamamelis japonica (du Japon, of course). MAIS leur multiplication se réalise en greffant les variétés sur l'hamamelis virginiana (un américain, du Québec au Texas) ...qui fleurit jaune vif à partir d'octobre. Les plantes greffées fleurissent rapidement, ce qui fit le bonheur (peu durable en l'occurrence) de la jardinière. 

L'hamamélis Diane en lisière du massif du magnolia liliiflora au printemps, lorsqu'il n'avait pas encore annoncé la couleur...

Car Jelena de Belder recommandait bien (*) de "veiller à ce que le porte-greffe ne reprenne le dessus, on peut le voir aisément, car le feuillage de h.virginiana est plus étroit et plus velu"
Que va-t'il advenir de cet hamamélis que je n'ose plus appeler Diane ? Attendons cet hiver avant de statuer  sur son sort...

L'hamamélis Diane en arrière-plan du magnolia

(*) Jelena de Belder. Arbres et arbustes pour parcs et jardins. La Maison Rustique. 1994.