mardi 10 mars 2020

Great Comp Garden, le charme discret d'un jardin anglais

C'est un petit jardin privé et secret (près de 3ha quand même) entourant un ancien manoir du 17è siècle en pleine campagne du Kent, un jardin créé à partir de 1957 par Roderick et Joyce Cameron.
 
La cour d'entrée sobre, pour certains un peu sévère, ne préfigure pas la luxuriance du jardin.
 
Le pied de mur d'un commun dans la cour d'entrée (à droite sur la photo précédente) est ourlé d'un mélange vert tendre et pourpre de vivaces et de fougères assez courantes qui apprécient la mi-ombre fraîche et humide : rodgersia bronze, hosta au-devant, ligulaire à l'angle (...ou farfugium japonicum ?), fougères aux deux extrémités. Le contraste entre les volumes, les formes, dimensions et couleurs des feuillages est réussi. Quelques plantes imposantes se suffisent à elles-mêmes. 
 La rodgersia (rodgersia aesculifolia "Irish Bronze"?) commence à fleurir précocement en épis blanc crème (en fleurs plutôt l'été). Une plante vigoureuse et rustique haute de 1m, à feuilles de marronnier, aussi tenace au sec et ne craignant pas la concurrence des racines note Thierry Denis (Le Jardin du Morvan).
D'aucuns disent que ce jardin aurait inspiré Greta Sturdza au Vastérival...Une longue perspective s'étire au-delà de "the square", vaste terrasse engazonnée aménagée devant la façade principale du manoir. Cette perspective ondule et se glisse entre des jardins boisés (woodlands).
A Great Comp Garden au mois de mai des azalées, rhododendrons et magnolias tardifs étaient en fleurs dans les "woodlands". Au détour des allées le regard peut s'attarder sur un foisonnement d'arbustes et de vivaces. L'association des floraisons, d'apparence naturelle, est raffinée et subtile, souvent dans des teintes chaudes (exemple : des teintes orangées dans des verts acides ou argentés. Photos : cf. article du 21 janvier 2020). 
Au-devant d'un magnolia liliiflora défleuri, des thalictrum aquilegifolium s'apprêtent à fleurir entre tellimas, dicentras, persicaria ou polygonum (amplexicaulis?) et fougères
Des vivaces simples comme la tellima grandiflora, une persistante très rustique (à la floraison modeste en épis délicatement parfumés) qui se ressème à foison...accentue le caractère d'un "jardin sauvage", de même que les thalictrums, les dicentras (eximia?) ton sur ton...
Un gracieux rosier botanique jaune pâle grimpe à sa guise dans les arbustes voisins
Les rosiers botaniques, les clématites de printemps et les ronces d'ornement colonisent les arbres et les arbustes.
Une ronce d'ornement palissée et guidée sur un arbre
Great Comp Garden offre aussi plusieurs lieux intimes pleins de surprises dont "le jardin italien" de libre inspiration et très personnel ainsi qu'un charmant "jardin de ruines"(cf. article du 15 décembre 2020).
Le "jardin de ruines" incite le visiteur à la contemplation et à la rêverie
Depuis la disparition de J. et R.Cameron Great Comp Garden est sous la responsabilité d'un conservateur William Dyson, spécialiste des sauges. Celles-ci sont proposées à la vente en saison. 
 
Pour ma part j'ai découvert avec enthousiasme à Great Comp Garden les ronces d'ornement dont une superbe blanche (ce pourrait être rubus (x) tridel Benenden - d'après les descriptifs et les photos consultés sur le web -). Je vais "l'essayer" comme on dit souvent, dans la haie libre du bord de route...

4 commentaires:

rouge cabane a dit…

rodgersia : une plante vigoureuse tenace au sec : j'emets tout de même une réserve pour le sec ... peut être que dans un sol qui retient ordinairement l'eau, une période de sec ne va pas lui nuire mais ici , il faut oublier !! j'ai tenté deux fois et pourtant je l'avait planté en situation très ombrée mais il a végété pour finalement disparaitre ... dommage car c'est une plante réellement intéressante pour qui peut l'accueillir ...
Encore une très belle promenade ... pleine de charme avec une mention particulière pour le jardin de ruines .... les miennes sont très loin d'être comparables mais dans le sois bois, il y a des restes d'un batiment écroulé qui est très enmoussé maintenant..et qui mériterait que je le travaille un peu ... c'est sur ma to do list ... belle fin de semaine

Dominique a dit…

Merci Hélène de cette info, résultat de ton expérience. Je veux bien te croire, disons qu'elle peut résister mais qu'elle a soif! J'ai eu quasi la même expérience que toi dans mon ancien jardin de Nantes : la plante n'est pas morte mais ne s'est jamais développée. En ce moment elle serait heureuse.. Vivement la semaine prochaine, il parait que le temps vire enfin au beau!

Maryline a dit…

Très belle cette longue perspective qui aurait inspiré la princesse Sturdza ! Et j'adore ce ravissant botanique jaune pâle, j'aime de plus en plus ces rosiers botaniques. Et tout comme toi la ronce d'ornement me fait de l'œil. Un régal, merci à toi Dominique, grande pourvoyeuse de rêves jardinesques, et l'on n'en a bien besoin. Une douce soirée.

Dominique a dit…

Oui Maryline les rosiers botaniques ont bien des qualités (résistance, jolis fruits succédant aux fleurs...)et s'imposent dans un "jardin sauvage". Il est loin pour moi le temps des somptueuses roses anciennes rassemblées dans mon ancien jardin de la vallée du Lot!
A Great Comp Garden, pas d'étiquetage des plantes, donc je n'ai pas pu noter le nom du rosier. Après quelques recherches je pencherais pour le rosier x cantabrigiensis, hybride de R. hugonis(un que j'aime beaucoup) et R. sericea var. Hooker. Un hybride spontané trouvé à Cambridge. D'autant que ce rosier présent et en fleurs aussi à Sissinghurst, étiqueté lui, lui ressemblait beaucoup.
Merci pour tes encouragements. C'est vrai que rêver à des jours meilleurs va devenir notre quotidien, même si nous jardinières et jardiniers sommes chanceux, je compatis avec tous ceux qui seront reclus en appartement. Bon courage à tous.