mercredi 27 novembre 2019

Hommage au noisetier...la Nuttery de Sissinghurst

Dans mon souvenir, la simple grande allée encadrée de noisetiers qui longe la limite ouest du jardin de Sissinghurst avait été un des "coups de coeur" de ce sublime jardin. Bien sûr en 20 ans elle a évolué mais je reste totalement séduite par la justesse de ses proportions, le raffinement de sa composition au-delà de son apparente simplicité.
 
La Nuttery de Sissinghurst: Un double alignement de noisetiers délimite une longue et large allée. Au point central une statue à l'antique.

L'occasion de rendre hommage au modeste noisetier, corylus avellana, familier des campagnes et des vieux jardins (je n'évoque pas ici les créations horticoles pourpres, tortueuses etc.. mais bien l'espèce répandue dans toute l'Europe jusqu'à l'Oural et l'Anatolie).

Les noisetiers régulièrement éclaircis préservent une transparence. En parallèle et en arrière-plan une longue bordure de rhododendrons luteum illumine la Nuttery au printemps

De pousse très rapide, le noisetier donne vite "de la maturité" à un jardin. Son port avec le temps reste très élégant (Vita Sackville-West à Sissinghurst l'a sublimé par cette plantation en alignement).
 Comment rendre compte de toutes les qualités de l'arbuste ? Attrayant et facile aussi bien en isolé (où il prend une jolie silhouette en parapluie), dans un massif d'arbustes qu'en haie libre ou dans des haies taillées en mélange (comme je l'ai remarqué le long des petites routes du Sussex). 
Le sol de la Nuttery est couvert d'un mélange raffiné de différentes espèces de fougères et de vivaces variées plantées en masse : au printemps une harmonie de verts tendres, blancs,anis,jaunes pâles... 

Le noisetier est accommodant sur la qualité du sol, résiste au froid, n'est pas vraiment sensible à la chaleur l'été. Facile à rajeunir et éclaircir (en coupant à ras chaque hiver quelques plus anciennes tiges). Gai par son feuillage vert clair et ses feuilles en forme de coeur. Se reproduisant spontanément par semis : autant de cadeaux pour épaissir une haie ou créer  rapidement un écran (de 2m à 5m de haut). Sans compter les noisettes, la baguette de sourcier (dont je n'ai pas l'expérience) etc....


Un mélange "sauvage" de plantes basses en couvre-sol. Sont associées en différentes séquences plusieurs espèces de fougères à des euphorbes, melica uniflora, trolles, epimediums...

Toutes proportions gardées (!), je bénéficie dans mon nouveau jardin à la fois d'un vieux noisetier isolé (laissé longtemps à lui-même et que j'ai rajeuni progressivement en 2 à 3 ans) et de nombreux semis transplantés au fur et à mesure pour regarnir la haie bord de route.  

Je m'amuse aussi au "trompe l'oeil" en rapprochant visuellement les noisetiers de plusieurs arbustes de la famille des hamamélidacées. Les mêmes feuilles en forme de coeur mais plus grandes ou plus petites, coriaces ou fines, de couleurs variées à l'automne, des ports très différents : corylopsis pauciflora, fothergilla major (encore lui), hamamélis intermedia et pallida, parrotiopsis... De quoi aiguiser l'oeil de l'observateur (trice).     

samedi 23 novembre 2019

Le jardinage... comme la cuisine

Il peut en être du jardin comme de la cuisine : trop lourde, indigeste, des ingrédients qui se contrarient, une accumulation de saveurs qui brouillent tout...avec les meilleures intentions du monde. 
C'est ce qui s'est produit ici dans le massif de bruyères d'hiver à floraisons blanches (cf. article du 7 février 2019). "L'idée" en 2017 d'introduire çà et là des pieds de fothergilla major n'était pas mauvaise.... mais pas à cette échelle. 
Les fothergilla grandissant, le massif apparut deux ans plus tard année engoncé, étriqué, au lieu d'un vaste tapis s'étendant jusqu'au magnolia liliiflora. Et ce n'est pas fini, les fothergilla étant loin d'avoir atteint leur hauteur et volume adultes.
 

Circonstance atténuante je n'avais pas prévu qu'un hydrangea macrophylla planté en lisière (trouvé auparavant végétant dans le sous-bois et transplanté à la lumière), après s'être refait une pleine santé en 3 à 4 ans, élancerait cet été du coeur de l'arbuste de nouvelles tiges hautes ....de près de 2m.  L'hamamélis x intermedia Diane quant à lui, en arrière du magnolia, a poursuivi sa croissance. 
Le déséquilibre des volumes devenait flagrant. Trop c'est trop!
 D'octobre à novembre les fothergilla prennent pour plusieurs semaines leurs magnifiques couleurs d'automne
 Tous les fothergilla sont en passe d'être déplacés, quelques-uns dans le futur sous-bois aux couleurs d'automne, les autres dans une haie toute en fothergilla appuyée sur un vieux rhododendron pontique. Car les fothergilla je ne saurais m'en passer! (cf. l'article du 26 avril 2018 sur les deux "cousins": parrotiopsis  jacquemontiana et fothergilla major). Faire et défaire, n'est-ce pas le lot de tout jardinier?

mardi 19 novembre 2019

Un ravissant dans le genre ...le camellia transnokoensis

Nous avons été nombreux, jardinières et jardiniers, à succomber l'hiver dernier à ce camellia botanique largement diffusé depuis peu dans les jardineries (auparavant plus connu des arboretums et jardins anglo-saxons des deux hémisphères).
 Les boutons à fleurs rose vif colorent l'arbuste dès décembre
Le camellia transnokoensis cumule des qualités très appréciables dans les régions de climat doux en sol acide (zone 8 : -12°). Et comme j'aime décliner les genres plantés ici il y a quarante ans (familles des ericacées, des hamamélis, des Theaceae... dont fait partie le genre camellia) je n'ai pas hésité. 
Pour sa silhouette d'abord, à la fois gracile et fournie, élancée et souple. Pour son feuillage dense (persistant), très abondant de très petites feuilles effilées, bien différent des camellias  "classiques".  
De très nombreuses fleurs, petites (4cm) s'ouvrent pendant des semaines
Et bien sûr pour la profusion de fleurs tout au long de ses branches (dès le plus jeune âge), une floraison de longue durée. Car les fleurs se renouvèlent sans cesse de février à avril. Dès janvier, d'adorables boutons rose vif, joyeux à cette saison hivernale, s'ouvrent progressivement en une myriade de fleurs blanches miniature à la texture de porcelaine, rehaussées d'étamines dorées. 
 
 Photo Tikorangi The Jury Garden. Nouvelle Zélande
 
 
 Photo assoc.bretonne Balades et Jardins. Le camellia transnokoensis plante du mois de février 2019
Au cours du printemps, les couleurs cuivre et bronze du jeune feuillage contrastent avec les verts neutres ou tendres des arbustes voisins : rhododendron, chêne vert, hydrangeas macrophylla... 
 
Photo Pépinières Dauguet
Les fleurs fanées tombent d'elles-mêmes (ce qui est aussi le cas des camellia x williamsii... mais pas des camellia japonica!). L'arbuste reste toujours impeccable. 
Les dernières fleurs en avril éclairent le jeune feuillage cuivré
J'ai planté le camellia transnokoensis à la lisière du sous-bois de pins et chênes, éclairé quelques heures par jour et abrité des vents, entre un vieux rhododendron (au feuillage décidément bien terne) et un hydrangea aspera villosa. Ainsi les floraisons se succèdent au fil des saisons et ce massif sera intéressant toute l'année (selon le principe cher au jardin du Vastérival). 

 Certains annoncent le camellia transnokoensis de pousse lente, d'autres de croissance rapide. Ce camellia botanique de 7 m de haut dans son milieu naturel a été découvert au centre de Taïwan, sur le Mont Noko, d'où son nom. Si j'en juge par l'expérience ici et les + de 20 cm qu'il a développé en une première saison, il devrait aller au-delà des 1,20 x 1,20 m souvent indiqués et atteindre 2 m voire  davantage.
Photo Tikorangi The Jury Garden. Le camellia transkonoensis, un des camellias blancs préférés de Abbie Jury
A Tikorangi The Jury Garden (Nouvelle-Zélande), un jardin paysager privé de style anglais aménagé par une même famille depuis 5 générations, Mark et Abbie Jury ont remplacé une haie de buis par une haie de camellia transnokoensis. https://jury.co.nz/jury-garden/

J'ai remarqué que le prix de vente du camellia transnokoensis affiché cette année peut être onéreux mais j'ai trouvé au moins deux fournisseurs de qualité aux tarifs modérés qui pratiquent la vente en ligne : Lepage bord de mer (pepiniere-bretagne.fr) en pot de 3l, et Roué (en 2l). Sans publicité de ma part,  c'est un "coup de coeur" que je voulais partager avec vous.

samedi 16 novembre 2019

Des forces de la nature

Les vieux jardins recèlent bien souvent de véritables trésors, de ces végétaux qui font la leçon aux fragiles animaux que nous sommes. Des arbres, des lianes qui malgré les vicissitudes du temps, les tempêtes, les maladies, les mauvais traitements résistent, survivent et se régénèrent en dépit de tout.

D'où ce florilège : de véritables titans remarqués lors de notre "tour" au sud de l'Angleterre en mai 2019.
 
De nombreuses espèces originaires d'Amérique plantées à Sheffield Park rendent les hommes bien petits...(2 visiteurs au pied de l'arbre donnent l'échelle)
Mort ou vivant? ...Il faut en faire le tour pour le savoir.
Côté pile, il apparait comme foudroyé : une sculpture puissante terrassée par la foudre
Côté face, "il est reparti" à son pied pour se régénérer...Tout en haut, au coeur de la souche, l'humus accumulé accueille des semis spontanés d'autres essences. "Elle est pas belle la vie ?"

Un figuier (qui sans nul doute "a connu" Christopher Llyod) palissé sur un vieux mur du jardin de Great Dixter a pris le pouvoir
 Parmi la profusion d'espèces et d'hybrides de rhododendrons introduits il y a près de cents ans dans la Saville Valley (Windsor), ce sujet obstinément ne veut pas mourir
   A Wisley une glycine joue à la pieuvre : presque une oeuvre poétique ou de fantasy, une porte qui s'ouvre à l'imaginaire