jeudi 7 février 2019

Blanc manteau, les bruyères d'hiver (erica x darleyensis)

A l'ouest en bord de mer la neige fait défaut l'hiver. Pas de lumière si particulière ni de crissements sous les pas (j'admire avec envie les photos postées ces jours sur les blogs amis). En compensation, si je puis dire, j'étends chaque année un peu plus un tapis de bruyères d'hiver à floraison blanche, erica x darleyensis, près de la maison, à l'est sur la pente jusqu'au magnolia liliiflora nigra et  l'hamamélis Diane. En émergent çà et là 5 pieds encore jeunes de fothergilla major et 2 rhododendrons nains calostrotum ssp.keleticum (à peine plus hauts que les bruyères : 0,60cm). 
En avril la floraison blanc crème des fothergilla prendra le relais des bruyères et la touche des rhododendrons s'accordera à la floraison du magnolia.

Les erica x darleyensis ont pour origine un hybride naturel issu du hasard, un croisement inattendu et remarqué entre deux espèces cultivées dans un même jardin anglais il y a près de cent ans...une erica carnea et une erica erigena (ou mediterranea). Les croisements ont été favorisés depuis par les producteurs qui ont créé de nombreux cultivars.
Les erica x darleyensis ont bien des atouts. Rustiques elles apprécient les sols très acides comme légèrement calcaires à condition que le sol soit drainé à léger. Vigoureuses, elles occupent en peu d'années un espace conséquent, chacune de 0,60 à 0,70cm de large, jusqu'à former un couvre-sol efficace étouffant  les adventices. Je les aide les premières années en désherbant consciencieusement et en déposant à l'automne entre les jeunes plants un tapis de feuilles de chênes. 
Plus à l'ombre sous les branches basses du magnolia liliiflora nigra plusieurs hellébores orientales "White ladies spotted" remplacent les bruyères. Elles annoncent par leurs pétales mouchetés de rouge pourpre (de façon prémonitoire...) la floraison printanière du magnolia.
La floraison de ces bruyères d'hiver qui commence vraiment ici à la mi-janvier est abondante et longue.  Leur nectar est très apprécié des insectes et le tapis "bourdonne" véritablement les beaux jours d'hiver.  
J'ai mélangé trois variétés différentes d'erica x darleyensis à floraison blanche au fur et à mesure de l'extension du tapis. Les nuances se remarquent à peine pendant la floraison mais apportent des variations pendant l'été et l'automne par le feuillage vert foncé, vert clair, vert tendre selon les variétés, ce qui évite la monotonie. 
* Silberschemlze, au feuillage d'un vert soutenu, vigoureuse, d'origine allemande (40cm).
*White Glow, compact, au feuillage foncé avec des pointes rosées en mai, plus basse (25cm) en bas du tapis.
*White Perfection, la première à fleurir, au port érigé (40cm).Cette variété plus récente a obtenu un Award Garden of Merit de la RHS.  
Le tapis composé maintenant d'une cinquantaine de pieds commence cette année à prendre "de l'allure". Au printemps la floraison passée, il sera indispensable de tailler l'ensemble à la cisaille pour une remise en forme et surtout éviter un vieillissement prématuré : épointer sans tailler sur le vieux bois, dès la première année de plantation.
Encore trois conseils issus de l'expérience... (pas toujours heureuse) : planter profond en enterrant la base du feuillage, arroser régulièrement les deux premières années les jeunes plants qui sèchent très rapidement, vérifier quelque temps après la plantation que la motte ne s'est pas déchaussée, péril mortel pour la plante. 
Enfin Bernard de la Rochefoucauld (Arboretum des Grandes Bruyères en forêt d'Orléans à Ingrannes.45) a partagé ses connaissances dans un ouvrage édité en français par Rustica (1997) "La bruyère. Choix des variétés, culture, associations", utile et qu'on trouve encore en vente en ligne.    

4 commentaires:

Duojardin a dit…

Excellent article sur l'utilisation des bruyères.
Dans notre terre argileuse et calcaire, seules les darleyensis résistent.
On aime beaucoup votre idée avec les tonalités de feuillages.

Dominique a dit…

Merci à vous deux. Vous confirmez bien les qualités de ces hybrides. Outre les blanches il en existe plusieurs en dégradés du rose très pâle au cramoisi et magenta. La Heather Society (société anglaise des bruyères) distingue 16 nuances de coloris!B. de la Rochefoucauld recommande particulièrement sur les sols ingrats les variétés "Darley Dale "(rose coquillage)"Furzey" et "Margaret Porter" (rose lilas)...il en cite 22. Celles que j'ai mentionnées sont couramment produites et commercialisées en France.

Berthille a dit…

En ce moment, c'est open nectar sur tout ce qui s'appelle erica. Je n'ai d'ailleurs jamais vu autant de gros bourdons que cette année. Pas moins de 8 ainsi que deux abeilles charpentières se régalaient sur une grosse touffe au soleil hier après-midi.
Tu fais bien d'insister sur l'arrosage ; l'année dernière j'ai failli perdre toutes celles que j'avais plantées au printemps. Je les ai récupérées à temps mais il leur faudra sans doute deux ans pour retrouver toute leur superbe.

Dominique a dit…

Tu connais l'adage : "le cordonnier est le plus mal chaussé..." J'avais planté ce courant février les 5 dernières pour finir le massif. 2 des plants ont séché en deux semaines (sous ce soleil printanier)et font grise mine (au sens propre). Bien arrosés dès que je m'en suis rendue compte (+ les 10mm de la nuit dernière) mais je ne suis pas sûre qu'ils en réchappent.