vendredi 27 juin 2025

Il y a un temps pour tout

Tempsdejardin s'est assoupi depuis l'été 2021. La passion jardinière s'est quelque peu émoussée, après une longue panne d'inspiration et surtout les violentes conséquences de la grande sécheresse de 2022. Tant d'arbres et arbustes n'y ont pas résisté. Ils sont morts rapidement, en quelques semaines, l'année suivante ou même en 2024. J'ai perdu courrage. (+ les sangliers qui ont décidé depuis 2 ans de conquérir le secteur, épargné jusque-là...). 

Fleurs précoces du camellia Cinnamon Cindy (photo Suncrestnurseries)

Ce trop jeune camellia 'Cinnamon Cindy' (croisement d'un cultivar de camellia japonica et de l'espèce c. lutchuensis...) qui avait bien démarré n'a pas survécu. De croissance  rapide il était prévu pour remplir une "dent creuse" près des camellias rouges plus tardifs et d'un lonicera fragrantissima (les 2 devant fleurir au même moment...).

Peu des jeunes arbustes plantés 2 ou 3 ans auparavant se sont refaits une santé. Plusieurs rhododendrons remarquables âgés de 30 à 50 ans ont définitivement séché ou n'arrivent pas à se régénérer.  Les hydrangéas ont piètre allure (les h.serrata mais aussi plusieurs h.macrophylla). Des genres et des espèces qu'il faut à mon sens oublier ici.  D'autres (contre toute attente) grâce aussi aux importantes pluies d'automne et d'hiver ont retrouvé la forme. 

  

Le deutzia setchuenensis corymbifolia, espèce rapportée de Chine par le docteur Charles Favier, éminent botaniste (photo Aujardin.info). Fin octobre 2021 à Pommorio (22) ce deutzia du Sichuan était encore en fleurs...je n'avais pu y résister. 

Planté au pied du talus fin automne 21, à mi-ombre, (justement il manquait un arbuste parmi les vivaces!), le deutzia a failli mourir cet horrible été 22. Très mal en point je l'ai transplanté entre un tout jeune rhodotypos scandens (ou faux corète), et les fothergilla major plus matures. Cet été 2025 les deux font plus de 1,50m de haut. Leurs fleurs blanches de toute beauté se sont succédées depuis le début du printemps. Celles du deutzia vont se prolonger jusqu'à l'automne.

  Au jardin, nous le savons toutes et tous, il faut prendre patience. Il y a 12 ans j'avais entrepris de jardiner ce site de nature, d'y ajouter des touches sans le trahir, sans lui imposer des plantations incongrues. Difficile exercice, le risque étant de trop en faire. 

Aujourd'hui la structure du "jardin sauvage" est en place, les volumes et les perspectives aussi, les masses et les points de vue soulignés.  

Les dégâts occasionnés par l'été 22 ou par les tempêtes d'automne (fréquentes ici) ayant amputé l'hamamélis Jelenaun des hydrangea Miyake Tokiwa etc... sont effacés 3 ans plus tard. Des vivaces qu'on croyait perdues se sont avérées résilientes : filipendula ulmaria, primula vulgaris, epimediums persistants originaires de Chine, ... et à ma grande surprise les fougères : sur la vingtaine d'espèces présentes ici et une centaine de pieds, 4 plants seulement sont morts. Au jardin aussi savoir attendre...   

 J'avais oublié à regret la plupart des bulbes. Trop de ceux introduits les premières années ont été dévorés par les mulots et campagnols : seuls les cyclamens coum et c.hederifolium, les galanthus elwesii, les erythroniums Pagode et les petits narcisses n'ont pas bronché et continuent à prospérer.

Les petits cyclamens coum ramenés du Vastérival en 2017 se multiplient lentement mais sûrement. Ici à côté d'une superbe fougère japonaise persistante l'arachniodes simplicior
 

Une étape essentielle a été franchie dans ce jardin et j'avais commencé à "peaufiner" : petits arbustes et vivaces intercalaires, couvre-sols et un rosier liane ( le sublime Francis Lester) grimpant sur un grand rhododendron pontique. Celui-ci a tout supporté et en 3 ans surplombe le rhododendron de 4 m de haut et large. Il embaume en juin à plusieurs mètres.

Je regrettais un heptacodion miconoides planté à Nantes à l'entrée de la cour...: ce petit arbre était beau toute l'année et avait poussé vite. J'en ai glissé un près des vieux rhododendrons à fleurs rouges et blanches. Il prolonge l'intérêt de ce massif pendant de longs mois.   

Un heptacodion jasminoides (ou miconoides): les fleurs blanches en fin d'été virent au rose et au rouge avec des fruits qu'il garde longtemps


Pour le reste le "jardin vit sa vie" . Les temps ont bien changé depuis que j'ai ouvert ce blog. Les conditions d'accès sont moins libres et surtout les réseaux sociaux ont changé la donne. 

Une curiosité intacte, une soif de beauté immense, ma passion se vit maintenant en partant à la découverte d'autres jardins ailleurs, proches ou lointains. Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont suivi Tempsdejardin et m'ont témoignée leur amitié par leurs chaleureux commentaires. 

"Qui plante un jardin plante le bonheur!"