vendredi 15 juin 2018

Colette Sainte Beuve en son jardin

Combien sommes-nous, jardinières et jardiniers, à devoir notre goût et notre curiosité pour les plantes vivaces à Colette Sainte-Beuve qui nous les fit découvrir il y a un certain temps...J'en suis, lorsque au début des années 80 entre la Normandie et la Bretagne je fis un détour par sa pépinière Plantbessin à côté de Bayeux (14). Je repartis avec deux cageots pleins de géraniums vivaces ("faciles" pour une débutante...) et autres belles inconnues qu'elle avait ramenées d'Angleterre puis multipliées. On la revoyait ensuite sur les fêtes des plantes, sa renommée ne faisant que grandir, toujours en femme discrète et réservée.  
 La création des jardins de Castillon remonte à ces années-là : un premier jardin a été ouvert en 1985 pour montrer les plantes en situation et leurs possibilités d'associations. Cette première partie dessinée par elle-même et son mari, fortement influencée par leurs nombreux voyages outre-Manche, est cloisonnée par des haies d'ifs taillés en 8 univers distincts. 
La justesse des proportions des allées, des bassins, des haies et la totale maîtrise du choix des plantations soulignent la pertinence du parti d'origine. Le charme est intact dans la Grande allée des fleurs, le Bassin aux Nymphéas, Le Jardin d'Eau...  
   L'Allée des fleurs
 
 Le Bassin aux Nymphéas


Le Jardin d'Eau 



 
 Une partie plus récente est l'oeuvre conjointe des Sainte-Beuve et du paysagiste graveur François Houtin. Il est suggéré aujourd'hui de commencer la visite par celle-ci :  trois terrasses successives aux ambiances radicalement différentes, magnifiquement réussies. 

L'allée centrale qui relie les trois terrasses
 
 Cette seconde partie des jardins est dominée par d'élégants topiaires d'ifs taillés en pièces d'échiquier.

Dans ses jardins Colette Sainte-Beuve joue avec maestria les contrastes entre les formes, entre les couleurs comme les jeux de nuances des plantes. Le jardin est fleuri, par touches, sans saturation. C'est le vert et la palette infinie des feuillages qui fait l'harmonie des jardins. 
Une touche de pourpre fait "chanter" les verts
Nuances et contrastes en jaune

Contrastes des fleurs blanches : magnolia (sinensis?), styrax?, nymphéa
 


Le jardin est "habité" par des créatures drôles et  poétiques, discrètes, à découvrir en observant bien.
Un oiseau surprise 


 Des grues couronnées à Castillon?
 
Un couple de canards bien sage...
 Le parcours s'achève dans la clairière ensoleillée au centre du premier jardin. Je n'ai pu m'empêcher de refaire le circuit de visite à l'envers pour revoir les séquences qui m'avaient tant plu.
  Le jour de ma visite en semaine fin mai, Colette Sainte Beuve accueillait elle-même ses visiteurs. Inlassablement, toujours autant passionnée, son désir est d'être dans son jardin. "Il y a tant à faire".  Elle aime partager son enthousiasme et en parle si bien sur cette vidéo en page d'accueil du site internet des Jardins de Castillon: jardinscastillonplantbessin.com (Jardin jardinier. CRT Normandie YouTube): "il faut de la patience mais voir grandir un jardin c'est merveilleux...c'est extraordinaire de pouvoir faire un jardin". 
Les jardins de Castillon sont ouverts à la visite l'après-midi : du mardi au samedi du 1er mai au 12 octobre, et le dimanche en juin et juillet.

6 commentaires:

maryse h a dit…

Une grande conceptrice de jardins qui force l'admiration.Je ne la connais que par des reportages et magazines et j'espère bien visiter ce jardin bientôt. Un modèle sur les perspectives ! Merci pour tes photos et belle semaine à toi Dominique.

Dominique a dit…

Merci Maryse. Castillon n'est pas si loin de Bagnoles de l'Orne...où tu te rends régulièrement je crois. D'autant qu'elle a encore quelques "pépites" en pépinière parmi toutes celles qu'elle rapporta d'Angleterre. Des plantes élevées "à la dure" qui ont redémarré ici sans souci dès la plantation.

Silène a dit…

Ma-gni-fi-que reportage ! Oh oui, j'en suis, de la famille de celles et ceux qui, dans les années 80 et 90, guettaient dans les revues le moindre article sur les jardins de Colette Sainte-Beuve... Je n'ai pas encore eu la chance de le visiter. Vos photos ravivent ce projet d'une façon magistrale... ^^

Anonyme a dit…

Excellente idée de promenade que ces jardins dans le Calvados! Avec tes commentaires et tes photos cela donne envie d'y aller très bientôt. Lys92

rouge cabane a dit…

Séquence émotion que cet article ... à la fois parce que l'ayant récemment re-visité en sa compagnie, je me suis permise de lui rappeler que grace à une amie qui m'a emmené dans les années 90 à Courson, je lui avais acheté des géraniums vivaces que j'ai encore ... si aujourd'hui, ils ne font plus figure de rareté, il faut se souvenir qu'il y a 30 ans, ce n'était pas le cas ... alors endressii, ou magnificum, et peut être aussi orion sont toujours fidèles au poste des années après ... dans les années 90, c'était tout de même quelque chose Courson ! Merci Dominique pour le petit tour de calva ... Etes vous allée également à Balleroy ? belle fin de semaine... hélène

Dominique a dit…

Comme dit l'adage "c'est dans les vieux pots...", oui ces "classiques" sont des valeurs sûres qui traversent les années sans coup férir. Le g.magnificum est d'un tellement beau bleu. Je crois me souvenir qu'une des premières éditions de Courson (sous un temps gris et pluvieux, à l'automne?) fut ma "première fête des plantes". J'y ai attrapé le virus! Même si l'éloignement géographique (partie dans le sud-ouest)ainsi que mes intenses obligations professionnelles et maternelles m'en ont ensuite tenue éloignée.

Juste passée par Balleroy avec un regard quand même au château plus pimpant m'a-t-il paru qu'au siècle dernier...

Une fin de semaine (trop) chaude pour les jardins. Serrons-nous les coudes, jardiniers-jardinières, surveillons, arrosons, paillons ce qui ne l'a pas été,et espérons...Bonne fin de semaine à tous.