Les camélias roses sont absents ici (j'ai supprimé le seul trouvé en arrivant, un c.japonica trop voyant...qu'on me pardonne) et je comprends la frustration des jardinières et jardiniers inconditionnels de cette couleur. Alors j'en citerai au moins deux vraiment ravissants dans le jardin de René Mahuas.
Barbara Mary, obtenu en Australie en 1965 à partir d'un semis du camellia japonica "So Cho Chan". De grandes fleurs rose coquillage à fleur de pivoine, parfumées, un arbuste vigoureux (jusqu'à 7m...) mais de croissance lente, sensible au froid (-8°). Je n'ai pu observer s'il gardait ses fleurs "rouillées" ou non. Un arbuste rare semble-t-il...
Camellia japonica Barbara Mary. photo camellias.pics
Fleur de Pêcher, un autre camellia japonica, celui-ci largement commercialisé. De délicates petites fleurs rose nacré semi-doubles en abondance sur un arbuste dense poussant autant en largeur qu'en hauteur.
Camellia japonica Fleur de Pêcher. photo StervinouPour clore ce chapitre, j'ai admiré chez lui un des rares camélias à fleurs jaunes, d'un jaune pâle et très doux : "Jury's Yellow"du nom d'une famille de jardiniers pépiniéristes néo-zélandaise (plusieurs générations à l'origine de nombreux hybrides de camélias, magnolias, rhododendrons...plantés dans leur célèbre jardin Tikorangi en Nouvelle-Zélande. https://jury.co.nz).
"Jury's Yellow"
Un port élancé et vigoureux sur un buisson compact. Il s'élève facilement à 2,00m. Les fleurs en forme d'anémone, pas très grandes, ont leurs pétales extérieurs blancs et un coeur jaune discret, en parfait accord avec les couleurs fraîches du printemps.
"Jury's Yellow". photo Midland horticulture
"Jury's Yellow" . photo commons.wikimedia.org
Les Jury ont obtenu "Jury's Yellow" en 1976 par hybridation d'un d'un camellia x williamsii et d'un camellia japonica Gwyneth Morey (ou Gwenneth Morey). Pas simple de distinguer ces deux-là ...
C.japonica "Gwenneth Morey", un parent de "Jury's Yellow". photo Alter-Native nursery
" x williamsii..."
On voit cette appellation sur des étiquettes et je me suis posé la question. Des camellia japonica d'abord hybridés par J.C Williams, fils d'un industriel et banquier britannique, personnage enthousiaste, passionné d'explorations botaniques au tournant du 20è siècle. Dans le domaine familial de Caerhays en Cornouaille anglaise il accueillait les plantes rapportées par des "chasseurs de plantes" dont les espèces de rhododendrons collectées en Chine par Ernest H.Wilson, encore lui ! (cf. article du 14 septembre 2020).
Portrait de J.C.Williams. photo Caerhays Estate
J.C Williams finance aussi les expéditions de George Forrest en Asie. Sensible aux idées de William
Robinson et du "jardin sauvage", J.C Williams s'enthousiasme devant le narcisse et ses premiers hybrides...avant d'entreprendre à son tour l'hybridation.
A Caerhays il se passionne ensuite pour les camellias, George Forrest venant de rapporter une espèce résistante, le camellia saluensis (du nom du fleuve Salouen, du Tibet jusqu'en Birmanie : c'est ainsi que j'apprends la géographie...). J.C Williams se lance dans l'hybridation de c.japonica x c. saluensis et obtient des plants moins sensibles au froid. Tous furent nommés après sa mort c.x williamsii... à l'origine de milliers d'hybrides créés depuis dans le monde.
Le camellia est décidément un genre à l'histoire très riche. Symbole de la fugacité de la vie, il fut au Japon l'emblème des samouraï ... Les cultivars à fleurs simples y sont les plus appréciés, ailleurs ce sont les camélias à fleurs doubles.
De mon point de vue les camélias à fleurs de pivoine, ou ceux qui font penser à des roses anciennes très doubles vont merveilleusement dans un jardin romantique. D'autres jardinier (ères) rechercheront les très grandes fleurs, les plus colorées, les panachées... Un monde sans fin?
Pour en savoir plus :
*Plusieurs sites web: Jim's Camellias - Camellias.pics, le blogRouepepinieres.com, Laterreestunjardin...
*Pour s'aider à identifier des camélias plantés dans les
jardins bretons, René Mahuas en a publié un inventaire avec Jacques Soignon,
éminent directeur des Espaces Verts de Nantes : "1001 camellias à
Nantes et dans toute la Bretagne " (éd. d'Orbestier-Rêves Bleus).