Puisque ce week-end de grandes marées avec son lot de coups de vent et de pluie en rafales contraint la jardinière à "ne pas mettre le nez dehors", j'ai envie de partager avec vous les émotions et le plaisir ressentis au Parc Oriental de Maulévrier (49) fin octobre lors de la visite magistralement organisée par Sophie de l'association Balades et Jardins (formidable association de Bretagne Sud découverte il y a un an et à laquelle j'adhère joyeusement). C'était la veille du (re)confinement et ce fut une double chance...les couleurs d'automne de Maulévrier étaient depuis une semaine à leur apogée.
Dans la descente avant même l'entrée du parc, le ton est donné
La couleur est au sol, généreux tapis de feuilles d'érable...
(Les couleurs d'automne cette année sont particulièrement somptueuses en beaucoup de régions. Sans doute grâce au coup de froid soudain, même éphémère, courant septembre après les fortes pluies d'août).
Au Parc Oriental de Maulévrier, merveilleux jardin empreint des traditions japonaises, quelles leçons! Les perspectives en courbe vous incitent à aller plus loin, les formes douces et organiques des tailles d'arbustes combinent la pierre et le végétal.
Le parc a été aménagé dans les premières années 1900 au fond d'un vallon de part et d'autre d'une pièce d'eau créée artificiellement, en s'inspirant des principes et des codes des jardins japonais.
Le jardin japonais classé de 12 ha longtemps abandonné, racheté par la commune en 1980, puis patiemment réhabilité est aujourd'hui entretenu par des jardiniers professionnels et animé par une équipe de bénévoles.Erable palmatum, eunonymus alata, prunus valorisent mutuellement leurs silhouettes, la forme différente de leurs feuillages, leurs couleurs saturées rouge, rose et jaune
La pièce d'eau est centrale. Sur ses bords d'immenses cyprès chauves, saules gigantesques...
Sur la rive droite plus étroite on longe le bord de l'eau, dans une scène impressionniste
Feuillages persistants et caducs, masses compactes (arbustes taillés et blocs de pierre), ports aériens et élancés des arbres, pelouses et mousses forment un tout, un jardin-paysage
Au printemps les couleurs seront données par la floraison des magnolias, azalées, cerisiers à fleurs, rhododendrons..
Chaque arbuste est placé et "travaillé" en fonction de l'ensemble
De grands hydrangeas paniculata échevelés entre les masses compactes d'azalées japonaises taillées
L'équilibre des pleins et des vides, les couleurs
flamboyantes et dorées en ponctuations dans une ambiance de verts
subtils, la sérénité qui s'en dégage...font du bien.
Aux antipodes du "trop plein", du "toujours plus" que l'on peut constater parfois dans les jardins - j'avoue avoir eu moi-même du mal à résister à cette tendance (révélateurs d'une société de surconsommation ?) -. Comment trouver l'équilibre avec la curiosité et l'enthousiasme insatiables (c'est peut-être là qu'est le problème...) de la jardinière?
Un dernier regard avant la fermeture, on s'est promis de revenir au printemps...
Ici j'ai adopté un principe et m'y tiens : éliminer sans état d'âme mes erreurs, ne pas garder des végétaux si finalement "ça ne colle pas" avec l'esprit du site (de très beaux arbres et arbustes pourtant que j'avais plantés soigneusement et que j'admire en d'autres lieux). Ils ont rejoint des jardins amis : acer palmatum Ozakazuki, hydrangea involucrata Tokado Yama, rhododendron cilpinense... C'est aussi une leçon que j'ai retenu de mes lectures de la grande Greta Sturza (Le Vastérival) (*)
(*) Le Vastérival. Jardin d'une passion. 1998 (on le trouve encore d'occasion).
Pour en savoir plus le site internet du Parc de Maulévrier : www.parc-oriental.com
Cf. aussi "L'esprit du Japon dans nos jardins". Jean-Paul Pigeat. Ulmer. 2006.2012