samedi 9 mai 2020

Digitalis purpurea et d'autres, parmi les vagabondes

Laissons venir et prospérer ces vagabondes... provisoirement ou non. Commodes pour combler un "vide"le temps que nos plantations s'étoffent, elles apportent aussi un contraste de volume ou de feuillage inattendu, irréfléchi, si juste! là où on n'y aurait pas pensé. 
Dans la coulée des hydrangeas, les fragiles ombelles blanches du conopode dénudé (ou noisette de terre) éclairent le massif entre les arbustes déjà en boutons et les jeunes frondes des fougères (ici polystichum munitum)
Mêler les plantes introduites (arbres, arbustes, vivaces) aux plantes indigènes sans trahir "l'esprit du lieu" est une joie profonde que m'offre le jardinage dans ce site en pleine nature. Influencée c'est sûr par le paysagiste Gilles Clément, depuis son exposition Le Jardin Planétaire à la Villette (il y a longtemps en 1999 : cf les vidéos en ligne sur Youtube), ses livres, ses expérimentations avec les élèves du lycée agricole Jules Rieffel (St-Herblain. 44) et la visite avec lui de son jardin dans la Creuse (quelle chance!), j'ai mis à profit si j'ose dire nombre de ses points de vue et pratiques.
Un chèvrefeuille des bois (lonicera peryclimenum) s'est glissé subrepticement dans un grand rhododendron. Il a fleuri l'été dernier et je le laisse, pour le moment, se développer. 
C'est bien un jardin en mouvement, non seulement parce qu'il est jeune (premier anniversaire qui compte cette année : 5 ans ! les plantations de structure sont terminées), aussi parce qu'il offre le plaisir de l'inattendu. Mais ne nous y trompons pas : car Gilles Clément en faisait la remarque quand nous descendions son vallon à Crozant : "Vous ne trouvez pas cela drôle, quand on fait un jardin on commence par beaucoup planter, ajouter...pour ensuite passer son temps à supprimer..." 
Certaines plantes disparaissent d'elles-mêmes. Les digitales pourpres bisannuelles (plantureuses cette année, grâce aux pluies abondantes et répétées?) sont par nature provisoires. D'ailleurs je ne les laisse pas fleurir partout, question chromatique!. 
Les digitales pourpres (digitalis purpurea) ont judicieusement occupé cet espace avant que j'augmente le nombre de thalictrums 
Par contre les semis des fougères seront précieusement laissés en place ou transplantés à l'automne. 
Un semis spontané de fougère scolopendre (asplenium socolopendrium) incrusté au pied du talus empierré. Ses jeunes frondes font merveille derrière celles toutes jeunes de la dryopteris wallichiana
Et je réduirai fortement les envahisseuses après floraison : saxifrage stolonifera, consoude Hidcote Blue...
A l'ombre du magnolia liliiflora, le saxifrage stolonifera que j'aime beaucoup a néanmoins trop pris ses aises : il colonise frénétiquement, envahit le coeur d'hellébores, les geraniums phaeum Lily Lovell et Walkure... et le pied de l'hydrangea serrata Shirahuzi avec lequel il est arrivé ici incognito depuis mon ancien jardin nantais. 
Après sa ravissante floraison, un arrachage méthodique du saxifrage stolonifera s'impose. L'objectif: l'écarter des hellébores et le contraindre en lisière. 
Je supprimerai totalement sans état d'âme l'ajuga reptans purpurea. Choisi pour figurer dans la séquence pourpre (parce qu'ici la simple bugle rampante est spontanée) un seul plant qui avait végété et quasi disparu pendant 5 ans s'est mis en 2 saisons à s'étaler et envahir toute la bordure. Trop c'est trop ! 
L'ajuga reptans purpurea étouffe les jeunes semis spontanés de corydalis ophiocarpa, des geraniums pyraneicum Bill Wallis, pulmonaires Majesté, etc, etc...). Même pas en cadeau!