jeudi 8 juillet 2021

L'élégant "Jardin en ville" de Gouarec

D'abord l'arrivée au beau village de Gouarec (pays de Pontivy) qui sait entretenir tout son charme sans céder aux sirènes (sournoises) d'un " aménagement du centre bourg" hélas si courant en Bretagne. Puis le regard glisse avec délice au-delà des grilles du portail. La cour d'entrée fleurie s'ouvre sur la rue au Lin : une ambiance très "sweet" adoucit la pierre sombre des murs d'enceinte et le caractère très imposant de la grande maison.

Dans la cour d'entrée des banquettes surélevées accueillent des vivaces simples et généreuses,rosiers grimpants et arbustes: penstémons, stachys contre le mur d'enceinte

Géranium sanguin hybride (Tiny Monster?), penstémon, heuchère devant le perron et de très élégantes potées dans les escaliers

 On ne soupçonne pas ce qui attend le visiteur de l'autre côté sur la façade sud de la maison. Le "Jardin en ville"de Gouarec a été labellisé Jardin Remarquable en 2020 et il le vaut (plus que) bien ! 

J'avais découvert ce jardin (alors rarement ouvert) il y a plusieurs années à l'occasion de Rendez-vous aux Jardins. Depuis il a évolué, pris de la hauteur et des couleurs et s'est raffiné dans les moindres détails. Assurément aujourd'hui c'est un des plus beaux jardins ouverts à la visite en Bretagne (*).

La double "mix-border" du jardin côté ouest : du jaune pâle (thalictrums glaucum, hémérocalles...) à l'orange et du bleu pâle (brunneras, delphiniums...) au violet

Un jardin totalement "british" (sans avoir à traverser le Channel et subir les désagréments du Brexit). L'accent de la propriétaire et de la jardinière qui l'assiste révèle leur origine britannique. Ceci explique sans doute cela....

Le miroir d'eau sous le couvert de grands chênes est une pause entre les terrasses et les chambres très fleuries. On devine par-dessus la haie taillée la présence de la longue "mix-border" jaune, remarquée à ma première visite et maintenant en pleine maturité.

A la création de ce jardin dans les années 1990, Marylin Le Moign avait demandé au paysagiste Michel Gesret (Plumelin.56) de l'aider à structurer et architecturer un site difficile : une parcelle de 8000 m2 désaxée par rapport à la maison, en pente, située entre une petite rivière et le canal de Nantes à Brest, un terrain très humide voire inondable l'hiver.

La cour d'entrée est en bas à droite du plan. Le jardin descend de l'autre côté de la maison jusqu'au canal  

 Trois terrasses encadrées de longues chambres de verdure, des haies taillées, des murs construits en vieilles pierres locales, les majestueux chênes et autres arbres centenaires sont les points d'appui d'un foisonnement d'arbustes et de vivaces. 

De nombreux passages permettent au visiteur de se glisser d'un jardin à l'autre et de déambuler en toute liberté

Tous les végétaux choisis s'associent remarquablement par leurs feuillages, leur graphisme, les floraisons. A l'évidence Marylin maîtrise parfaitement l'usage des plantes. Ce jardin est à déguster à petits pas au fil des allées intimistes qui le parcourent.

Geranium vivace (Patricia?) et lysimaque clethroides

En lisière, dans les bordures ombragées et fraîches, un effet "jungle"

Beaucoup de vivaces et des fleurs très simples utilisées ici avec une subtile et rare élégance. Partout de grands rosiers grimpants, lianes ou arbustifs émergent des massifs de vivaces plus ou moins hautes. Sans oublier des plantes de bordures tout aussi soignées.

Mieux vaut laisser à chacun et chacune le plaisir de découvrir par lui-même et selon sa sensibilité les points de vue et les ambiances colorées qui seront différentes du printemps au début de l'automne (*). Peu de photos donc dans cet article de la visite que j'ai faite le 30 juin 2021. Juste quelques détails et impressions. 

Un détail soigné parmi tant d'autres , le traitement des angles de la maison

 Une petite fleur jaune glissée contre le pilier,  un détail qui change tout

Simple et réussie, cette auge appuyée sur une haie d'ifs, plantée d'un thalictrum et de pulmonaires.  

(*) Le "Jardin en ville " à Gouarec est ouvert les fins de semaine de mai à septembre l'après-midi de 14h à 18h (cf.le calendrier précis des jours d'ouverture sur le site officiel www.jardinenville-gouarec.fr )  

samedi 3 juillet 2021

Le jardin de ....(suite) : Odile, des fleurs, toujours des fleurs

Ce n'est pas que que je me lasse du vert "en total look" ici. Mais la visite de jardins foisonnants de fleurs et de couleurs en ce tout début d'été donne de l'énergie et vous met la forme. 

Scabieuses, lys des incas (alstroemeres), kniphofias, hemerocalles...

Odile aime tant ses roses et ses fleurs, toutes ses fleurs qu'elle bichonne du semis à la bouture, de la bouture à la plantation, sous tunnel, en place dans un massif devant la maison ou dans son jardin bouquetier. Des fleurs de toutes couleurs, rares ou communes, oubliées ou nouvelles. Les associations de couleurs sont parfois osées, parfois sages, dans ce cas toujours rehaussées d'une pointe de couleur vive.

Phlox, astrances, véroniques, geraniums, dierama, linaire...et alstromoeres (dans plusieurs couleurs et hauteurs), hémérocalles, lychnis chalcedonica, crocosmias, sauges....


Des harmonies simples en rose pâle et blanc, réveillées d'une touche de rouge, orange ou grenat 

Le jardin d'Odile, ensoleillé, est fleuri en toutes saisons. Elle aime plus que tout partager l'enthousiasme pour ses fleurs et bien sûr il est inconcevable de repartir sans nombre de boutures, même si l'on n'a pas un vrai jardin. "ça ira bien chez toi, çà". Un grand merci Odile.

mardi 29 juin 2021

Xanthorhiza simplicissima ... comment s'en souvenir... ?

 "Il n'y a que les imbéciles qui...." vous connaissez l'adage. Après 30 ans de jardinage, j'ai craqué. Pendant si longtemps je n'ai pas voulu étiqueter les plantes, enfouissant seulement au pied l'étiquette du producteur (...rarement retrouvée ensuite). Une vague intention pourtant en 2018 découvrant une belle panoplie sur le stand de Botanique éditions à St-Jean de Beauregard. J'en étais revenue avec un assortiment, stocké depuis sans y toucher.

Certes j'ai toujours consigné le nom, la date d'achat et la provenance des plantes dans un carnet. Mais après tant d'années, plusieurs raisons m'ont conduite à passer à l'acte : 

- dans ce site plus vaste que mes anciens jardins, le nombre croissant d'espèces et variétés complique la composition des massifs, notamment la bordure au pied du vieux talus (50m de long x 1,50m de large),

- les achats d'espèces ou variétés méconnues, aux noms pas si simples à mémoriser, comme le xanthorhiza simplicissima... (un couvre-sol de mi-ombre que le pépiniériste Stéphane Bellec. Berné.56 m'a fait connaître),

- la disparition des vivaces caduques l'hiver alors qu'on a justement prévu d'en déplacer certaines, 

- le piétinement bien involontaire du jardinier venu vous donner un coup de main, 

- et une certaine paresse l'âge venant ? 

Autant de (bonnes ?) raisons qui m'ont incitée récemment à étiqueter nombre d'arbres, arbustes, vivaces.

J'ai choisi plusieurs types d'étiquettes de tailles différentes, durables et abordables (par paquets de 50 ou 10), un design simple, un fond noir avec une règle d'or : une implantation la plus discrète possible. Il ne s'agit pas de souligner "des collections" ni de singer un jardin botanique... encore moins de faire "de la déco".

- De fines languettes percées en plastique souple à graver (le stylet est fourni) pour les arbres et grands arbustes, des étiquettes recommandées par Xavier, un grand jardinier angevin (Long life Label de la pépinière MacPennys of Bransgore). Je les grave (plus ou moins maladroitement...) du nom botanique, de l'année de plantation et les suspends au coeur des branches avec un lien fin et souple brun. 

- Des étiquettes rectangulaires fichées sur un bâtonnet en bois pour  les petits arbustes et grandes vivaces (cf. 1ère photo).

- Des plus petites (2 tailles) avec support, directement enfoncées dans le sol.  (Elles viennent toutes de Botanique éditions).

Je m'applique d'une écriture cursive régulière, (souvenir de l'école primaire...ces étiquettes s'effacent  facilement à l'éponge humide en cas de raté...) et note au feutre fin blanc Posca le nom botanique de la plante, sa provenance, quelquefois l'année de plantation, le nombre de pieds plantés.

Ce matin, j'ai enfin repéré, avec sa grande fleur rose, où j'avais déplacé le geranium "Sirak"  (geranium gracile x geranium ibericum), sans le confondre avec les pieds du geranium magnificum (un autre hybride de g.iberium, précoce, aux grandes fleurs d'un beau violet, un de mes préférés). Je vais refaire une étiquette...  

mardi 22 juin 2021

Rose magenta et jaune vif (l'im)possible accord

Il faut être vraiment douée pour oser associer les tons vifs d'un rose puissant et d'un jaune brillant. Annick de la Thullay (créatrice des jardins de Quinipily.56) l'a fait à Keronic le long du muret qui sépare le jardin "à la française" de la cour d'entrée. On s'interroge : pourquoi cela "matche" comme diraient les canadiens? En s'approchant, on comprend : les lupins...à deux tons rose et jaune plus pâle font le lien. 

La bordure côté cour 

De l'autre côté du muret, l'accord est plus sage : le rose vif est associé au blanc et gris vert avec en transition des lupins blancs, des lupins roses, d'un rose aussi vif que les roses... 

La bordure côté jardin

Avec aussi des grands classiques dont on ne saurait se lasser : pivoines, petites heuchera sanguinea (pourtant quelque peu oubliées...). Le parc de Keronic a été une belle découverte lors de Rendez-vous aux jardins 2021 et l'accueil enthousiaste et chaleureux de ses propriétaires communicatif.


 

jeudi 3 juin 2021

Le schizophragma hydrangeoides, il grimpe (enfin) !

 

Les fleurs du schizophragma s'ouvriront à la mi-juin

Je le savais pourtant : acheter un grand arbuste élevé en conteneur durant plusieurs années, serré dans son contenant n'est pas vraiment gagner du temps, au contraire. 

 Le schizophragma hydrangeoides, une liane originaire d'Asie, Corée, Japon... proche des hortensias grimpants

L'expérience de ce schizophragma hydrangeoides ramené d'une pépinière bretonne il y a 6 ans l'a encore confirmé : l'arbuste une fois planté entre deux grands pins (avec tous les soins d'usage) a commencé par régresser. Il s'est délesté de plusieurs de ses branches, comme si le mettre en pleine terre était "trop lui demander". Régulièrement arrosé au cours des étés suivants il n'est pas mort  mais avait depuis piètre allure et ne fleurissait quasiment pas.

Le schizophragma hydrangeoides aux feuilles de velours s'apprête à bien fleurir cette année en dentelles de grandes fleurs blanches

J'ai persévéré et lui ai donné encore plus de soins : un paillage épais de feuilles de chêne à son pied sur une large circonférence puis un apport d'une bonne dose de Bochevo à l'automne ces 3 dernières années. Il a repris de la vigueur. En 2019 il fit une première tentative en lançant timidement une première tige et ses crampons sur un des pins : perdue dans l'épaisseur de l'écorce cette tige a avorté.  

Alors j'ai observé avec joie à l'automne dernier une nouvelle bien plus vigoureuse s'accrocher sur le même tronc dans la même direction. Et cette fois, il grimpe !

Planté à l'ombre de 2 grands pins maritimes, le schizophragma hydrangeoides a tendance à se diriger vers la lumière, vers l'est et le soleil du matin

Sur l'autre face je constate aujourd'hui qu'une branche se développe avec vigueur et s'appuie maintenant sur le deuxième tronc. Cette fois le pari semble gagné. On le dit pouvoir atteindre 10m de haut. Je n'en demande pas tant mais sait-on jamais.

Les fleurs dureront plusieurs semaines et mêmes fanées attireront le regard 

mercredi 12 mai 2021

Azalées et rhododendrons à Boutiguéry, c'est la saison !

Pour le meilleur (et pour le pire... dans mon jardin. cf. ci-après *). Regardons le meilleur. Cette année enfin Boutiguéry (près de Quimper.29) est ouvert à tous, d'où que nous soyons sans restriction de distance. Nous sommes nombreux à en profiter et tant mieux pour Virginie qui a repris le flambeau avec obstination et panache. De la joie et de la couleur donc et une pépinière pleine de trouvailles, raretés, créations de Virginie qui se passionne pour l'hybridation des azalées.

Ambiance à Boutiguéry le 5 mai dernier.

Le labyrinthe des azalées : sur le coteau dominant l'Odet, les plus vieilles azalées semées à la volée par le père de Virginie, régulièrement arrosées puis laissées pousser en toute liberté.  

Hasard de la nature...l'argenté du lichen rehausse joliment les fleurs rose tyrien

 Une belle et originale association, comme quoi le rose j'aime toujours... 

(*) Le rose... tout dépend où et comment. Dans mon jardin sauvage de vieux et grands rhododendrons "rose bonbon fluo" décidément ne passent pas dans le paysage tout de verts tendres, crème, jaune pâle, blanc, brun, orange et bleu. J'ai toujours hâte qu'ils soient défleuris et j'avoue les y aider un peu...beaucoup.

Ailleurs dans le parc de Boutiguéry, du jaune dans du vert. Une couleur parfois mal aimée. J'aime.
Virginie a entrepris de "rajeunir" le parc de Boutiguéry par l'éclaircie nécessaire pour apporter de la lumière et permettre de nouvelles plantations. 

Le cornus chinois en fleurs va profiter de la lumière  

Autre visite ce mois de mai chez un éminent collectionneur de rhododendrons JF Saint-Jalm, tenu par la même passion, l'hybridation. L'occasion de voir in situ des espèces et hybrides connus seulement (pour ce qui me concerne) par les livres. Il en a semé des graines qu'il a récoltées dans les plus grands jardins d'Angleterre et d'Ecosse, il y a plus de 30 ans. Ce sont aujourd'hui des centaines de rhododendrons sur 8ha, plantés sur un coteau pentu très ombragé orienté à l'Est.

Un magnifique rhododendron x Phyllis Korn, facilement disponible en France. Un costaud à condition de le planter dans une terre légère et profonde

Le rhododendron lindleyi abrité des vents d'Est

Le rhododendron lindleyi, une espèce originaire des montagnes du Népal, du Sud du Tibet, entre 2000 et 3000m, est souvent épiphyte. Des fleurs semblables aux lys les plus blancs et le plus parfumé de tous les rhododendrons, d'un parfum exquis. D'un port irrégulier, JF.Saint Jalm l'a palissé sur un mur qui surtout le protège du froid (- 8°)

Dans le sous-bois les jeunes pousses de certains rhododendrons, comme autant de torches, prolonge l'attrait des arbustes (pour d'autres ce sera le revers des feuilles, très coloré).

Parmi tous les hybrides obtenus par JF Saint-Jalm, dont beaucoup ne sont pas enregistrés et restent sans nom, j'ai remarqué celui-ci. Mais je n'aurai ni la patience ni le savoir faire d'en semer des graines...

samedi 24 avril 2021

Camellia ou camélia ? roses voire jaunes? (suite et fin)

 Les camélias roses sont absents ici (j'ai supprimé le seul trouvé en arrivant, un c.japonica trop voyant...qu'on me pardonne) et je comprends la frustration des jardinières et jardiniers inconditionnels de cette couleur. Alors j'en citerai au moins deux vraiment ravissants dans le jardin de René Mahuas.

Barbara Mary, obtenu en Australie en 1965 à partir d'un semis du camellia japonica "So Cho Chan". De grandes fleurs rose coquillage à fleur de pivoine, parfumées, un arbuste vigoureux (jusqu'à 7m...) mais de croissance lente, sensible au froid (-8°). Je n'ai pu observer s'il gardait ses fleurs "rouillées" ou non. Un arbuste rare semble-t-il...

Camellia japonica Barbara Mary. photo camellias.pics 

Fleur de Pêcher, un autre camellia japonica, celui-ci largement commercialisé. De délicates petites fleurs rose nacré semi-doubles en abondance sur un arbuste dense poussant autant en largeur qu'en hauteur.

Camellia japonica Fleur de Pêcher. photo Stervinou

Pour clore ce chapitre, j'ai admiré chez lui un des rares camélias à fleurs jaunes, d'un jaune pâle et très doux : "Jury's Yellow"du nom d'une famille de jardiniers pépiniéristes néo-zélandaise (plusieurs générations à l'origine de nombreux hybrides de camélias, magnolias, rhododendrons...plantés dans leur célèbre jardin Tikorangi en Nouvelle-Zélande. https://jury.co.nz).

 "Jury's Yellow"

Un port élancé et vigoureux sur un buisson compact. Il s'élève facilement à 2,00m. Les fleurs en forme d'anémone, pas très grandes, ont leurs pétales extérieurs blancs et un coeur jaune discret, en parfait accord avec les couleurs fraîches du printemps.

"Jury's Yellow". photo Midland horticulture

"Jury's Yellow" . photo commons.wikimedia.org

Les Jury ont obtenu "Jury's Yellow" en 1976 par hybridation d'un d'un camellia x williamsii et d'un camellia japonica Gwyneth Morey (ou Gwenneth Morey). Pas simple de distinguer ces deux-là ...

C.japonica "Gwenneth Morey", un parent de "Jury's Yellow". photo Alter-Native nursery

 

" x williamsii..."

On voit cette appellation sur des étiquettes et je me suis posé la question.  Des camellia japonica d'abord hybridés par J.C Williams, fils d'un industriel et banquier britannique, personnage enthousiaste, passionné d'explorations botaniques au tournant du 20è siècle. Dans le domaine familial de Caerhays en Cornouaille anglaise il accueillait les plantes rapportées par des "chasseurs de plantes" dont les espèces de rhododendrons collectées en Chine par Ernest H.Wilson, encore lui ! (cf. article du 14 septembre 2020). 

 Portrait de J.C.Williams. photo Caerhays Estate

J.C Williams finance aussi les expéditions de George Forrest en Asie. Sensible aux idées de William Robinson et du "jardin sauvage",  J.C Williams s'enthousiasme devant le narcisse et ses premiers hybrides...avant d'entreprendre à son tour l'hybridation.

A Caerhays il se passionne ensuite pour les camellias, George Forrest venant de rapporter une espèce résistante, le camellia saluensis (du nom du fleuve Salouen, du Tibet jusqu'en Birmanie : c'est ainsi que j'apprends la géographie...). J.C Williams se lance dans l'hybridation de c.japonica x c. saluensis et obtient des plants moins sensibles au froid. Tous furent nommés après sa mort c.x williamsii... à l'origine de milliers d'hybrides créés depuis dans le monde.

Le camellia est décidément un genre à l'histoire très riche. Symbole de la fugacité de la vie, il fut au Japon l'emblème des samouraï ... Les cultivars à fleurs simples y sont les plus appréciés, ailleurs ce sont les camélias à fleurs doubles. 

De mon point de vue les camélias à fleurs de pivoine, ou ceux qui font penser à des roses anciennes très doubles vont merveilleusement dans un jardin romantique. D'autres jardinier (ères)  rechercheront les très grandes fleurs, les plus colorées, les panachées... Un monde sans fin? 


Pour en savoir plus : 

*Plusieurs sites web: Jim's Camellias -  Camellias.pics, le blogRouepepinieres.com, Laterreestunjardin... 

*Pour s'aider à identifier des camélias plantés dans les jardins bretons, René Mahuas en a publié un inventaire avec Jacques Soignon, éminent directeur des Espaces Verts de Nantes : "1001 camellias à Nantes et dans toute la Bretagne " (éd. d'Orbestier-Rêves Bleus). 

samedi 17 avril 2021

Camellia ou camélia ? (suite) Les camélias blancs

Ayant pris soin d'un camélia Madame Lourmand (trouvé ici écroulé sous des elaeagnus ebbingei.... tentaculaires - cf article du 12 janvier 2018-), j'avoue un faible pour la grâce et la fraîcheur des camélias blancs. 

 Le camélia "Madame Lourmand" du jardin

Ce camélia Madame Lourmand  (je pense l'avoir identifié, mais qui sait?...) très florifère, en fleurs dès la mi décembre ou janvier selon les années, porte encore de nombreux boutons début avril.

En fin de saison, le bouquet d'étamines dorées est moins visible et la fleur vire presque au camélia à fleur d'anémone. avril 2021

Lors de la visite de "Balades et jardins", parmi les centaines de cultivars et hybrides de René Mahuas, j'ai "craqué" devant 4 camélias à fleurs blanches.

"Nobilissima" ou Fuji-Yama, introduit du Japon à Gand en Belgique en 1834, précoce, le premier des camélias blancs d'hiver à fleurir, bien vigoureux. Un vieux classique. Au 19è siècle c'est souvent lui, expédié de Nantes à Paris par dizaines de milliers de fleurs, qu'on piquait aux boutonnières ou sur les tenues du soir.

"Nobilissima". photo Jim's Camellias

"Cornish Snow", un hybride de 2 espèces distinctes du camellia japonica, c.saluenensis x c.cuspidata, obtenu en 1930 par un amateur passionné J.C Williams au château de Caerhays en Cornouaille  (GB). Une forte personnalité à qui l'on doit beaucoup et j'y reviendrai (cf. article 3 suite et fin). "Cornish Snow" a des petites fleurs simples (5cm), très abondantes, parfumées, sur de longues branches retombantes. Les feuilles sont étroites, vert foncé luisant, le port ouvert et aéré. Il forme un buisson de hauteur moyenne de pousse relativement lente. (doté d'un Award par la RHS).

 Cornish Snow. photo Jim's Camellias

"Cinnamon Cindy", un hybride de c.japonica et de l'espèce c. lutchuensis, introduit du Japon aux USA en 1974. Il fleurit longtemps, dès janvier-février jusqu'au milieu du printemps. Une profusion de toutes petites fleurs doubles blanches (4cm), rose carné en boutons, au léger parfum (de cannelle)... si l'arbuste reçoit du soleil. Ce camélia "Cinnamon Cindy" était la plante du mois de février 2019 de l'association Balades et Jardins.

"Cinnamon" Cindy. photo FlowerPower (Sydney)

A  peine fanées, les fleurs tombent au sol en un superbe tapis blanc... Une qualité reconnue aussi des camélias hybrides x williamsii, contrairement à certains camélias japonica hybrides auxquels on reproche de garder leurs fleurs rouillées sur l'arbuste. Ce peut être un critère de choix.
"Cinnamon Cindy" pousse très vite et son jeune feuillage cuivré fait penser à ceux de camellias botaniques comme c.transnokoensis ou c.lutchuensis dont il est issu.

A propos de cette espèce c.lutchuensis, Sophie qui nous entraîne dans les visites de "Balades et Jardins" en a fait l'éloge alors que je le croyais trop gélif et fragile même en Bretagne.

Camellia lutchuensis. photo Stervinou

Camellia lutchuensis, un  camellia botanique originaire de Taïwan,  du sud-ouest du Japon. Ses branches souples, les feuilles pointues et les fleurs miniature (celles-ci très parfumées) évoquent le c.transnokoensis qui m'enchante ici depuis deux ans. Comme lui le c.lutchuensis pousse vite mais il est apparemment plus tardif, en fleurs en mars-avril. (A planter quand même en zone abritée - résistant à -10°).  

Donc vous l'avez compris... je compte introduire le c.lutchuensis à l'automne, pas trop loin du c.transnokoensis  pour pouvoir apprécier les différences. Il est largement commercialisé, mais pourquoi diable appeler tous les camellias non japonica "camélias champêtres" ? Marketing quand tu nous tiens...

lundi 5 avril 2021

Camellia ou camélia ? Japonica? ... Pas seulement

Un passionné de camélias René Mahuas a accueilli dans son jardin fin mars l'association "Balades et jardins"-56- (avec total respect des mesures barrières) .

A propos... camellia est le genre botanique (nommé par Linné en l'honneur du missionnaire botaniste G.J.Camel), le "camélia" un nom courant largement employé.

Le camélia japonica hybride Adolphe Audusson (du nom de son créateur), une vieille variété française de 1877, obtenue à Angers (49). Un camélia facile et  très répandu.  Award de la RHS. photo Jimscamellias

Sans vouloir en faire une collection, René a planté un très grand nombre de camélias, au gré des coups de coeur. On s'est aventuré dans un véritable labyrinthe de camélias en fleurs.  

La diversité des camélias est prodigieuse, depuis les espèces et premiers hybrides introduits du Japon, de Chine, Corée, sud-est asiatique jusqu'à des créations récentes pour beaucoup produites aux USA, Australie, Nouvelle-Zélande,.. en Bretagne.

Avec des formes de fleurs très différentes : fleurs simples, semi-doubles, doubles, en forme de pivoine, d'anémone, d'autres aux pétales étroitement imbriqués en écailles, quelquefois très géométriques...(certains camélias font penser aux dahlias, aux roses anciennes...).  

Un vieux camélia rouge de mon jardin, à fleurs de pivoine y compris en boutons  

Il y a aussi des différences de textures, de nuances entre les feuillages (du vert olive au vert bleuté sombre) moins monotones qu'on pourrait le croire. Le port est élancé, évasé ou quasi pleureur selon les arbustes. 

René a prodigué ses conseils : planter surtout en sol drainé (et sans calcaire), ne jamais apporter d'engrais, encourager l'humus au pied (par un apport régulier de feuilles mortes, paillage de tontes...). Certains camélias supportent bien le soleil, la plupart ont besoin l'été de la protection d'arbres d'ombrage. Mais un camélia qui ne fleurit pas manque de lumière

Surtout ne pas hésiter à tailler et rabattre les arbustes poussés trop en hauteur pour qu'ils fleurissent à hauteur des yeux. Sur ce point j'étais au fait après la formation au Vastérival de Dominique Cousin sur la taille de transparence (cf. La taille de transparence. éd.Ulmer. Le camélia pages 84-89). Tout dépend de ce que l'on veut : un buisson compact et dense ou un arbuste élancé et plein de lumière.

Parmi les centaines de camélias de René, 10 vus en situation m'ont totalement séduite, des rouges, des blancs et même un jaune pâle (j'ai laissé mon goût pour le rose dans mes jardins d'avant...). Dans les camélias rouges : 

Koronkoku ou camellia nigra ou Black Prince, ...ou encore Kou-ron-koku ou Konron Jura ou "Mont Konlong Black" introduit du Japon en Californie en 1930 puis en Angleterre en 1939. Un camélia à petites fleurs doubles très délicates (10cm), rouge foncé, tardif, sur un buisson dense, élancé. Ses fleurs sont particulièrement résistantes au gel.

Koronkoku. photo Jimscamellias

Koronkoku ravissant déjà en bouton à peine ouvert. photo RHS

Royal Velvet, un camélia d'un rouge velouté profond, un hybride de c.japonica "classique" à grandes fleurs, de longue floraison, sur un arbuste vigoureux au beau feuillage.

Royal Velvet. photo Gardenbreizh

Rubescens major ou Princess Ann (dans sa forme légèrement panachée de blanc), encore un rouge, plus clair, ou rose foncé à veines rouges, voire panaché de blanc (dû à une virose comme il arrive sur des camélias), " un vieux" commercialisé à Nantes dès 1895. Un port buissonnant, de grandes fleurs doubles à mi-saison. Il a fait ses preuves...

Camélia "Rubescens Major". photo OakleafG

Avec candeur j'avais apporté à René les fleurs des 2 grands vieux camélias à fleurs rouges plantés ici il y a au moins 30 ans, pour qu'il les identifie. "Je ne peux pas faire des miracles" a-t-il répondu  avec un large sourire (visible derrière son masque). 

Les grands vieux camélias rouges de mon jardin (trouvés couchés à l'horizontale sous des eleagnus ebbingei). Je les redresse par la taille d'année en année

 

Mon camélia à fleurs doubles, précoce avec des premières fleurs en janvier

En consultant le site web d'un autre connaisseur passionné situé en Cornouaille (GB) Jim's camellias (https://jimscamellias.com), j'ai compris ce que René voulait dire. 

Pour cet autre spécialiste il reste très difficile d'identifier à coup sûr un camélia. Le même hybride variera d'une saison à l'autre, selon l'emplacement, la nature du sol, le climat, plus chaud, plus sec, plus pauvre... Un camélia à fleurs simples pourra devenir à fleurs d'anémone, les feuilles seront plus petites, les fleurs aussi, la saison de floraison variera avec la météo. Plusieurs ont des synonymes... 

Mon vieux camélia rouge à fleurs simples, rouge cerise plus clair, avec de fortes étamines dorées...qui semblent changer en petits pétales en fin de saison (en fleur d'anémone?) 

Bref cédons simplement aux "coups de coeur", comme René dans son jardin, en choisissant ses camélias de préférence...lorsqu'ils sont en fleurs.

 (à suivre  Les camélias blancs)