jeudi 28 juin 2018

Ont-ils vraiment soif ces hydrangeas?....

Certes oui par ce soleil ardent, les températures frôlant voire dépassant les 30° et le vent chaud.  Un tour du jardin à la fraîcheur des premières heures du matin s'impose depuis quelques jours.
 La chaleur a écourté la somptueuse floraison bleu profond du précoce hydrangea serrata subsp. yezoensis. En un jour les fleurs stériles ont pâli et se sont piquetées de rose 

Sans compter la grande sensibilité des plus jeunes hydrangéas plantés l'hiver dernier, le plus assoiffé de tous est sans conteste l'hydrangea serrata "Sapphirine" ( ou "Water Sapphire", autre nom prédestiné), encore dénommé Aquarelle.... C'est effectivement un pur joyau, translucide et diaphane, bleu ou rose pâle selon la nature du sol, acquis auprès de Paul Dussine il y a plusieurs années. Très sensible à la sécheresse il "donne l'alerte" pour tous les hydrangeas du jardin. 
Planté en pied de talus dans le sol plus humifère, l'hydrangea serrata "Sapphirine n'a pas bleui

Depuis toujours la délicatesse des hydrangeas à "fleurs plates" a ma préférence qu'ils soient de l'espèce macrophylla (originaires du bord de mer) ou serrata (de la montagne). Principalement les hydrangea serrata : dans mon ancien jardin de ville au sol légèrement argileux ils supportaient bien les sécheresses estivales. Ici en sol plus léger et très drainé, les h.serrata se plaisent vraiment (le sol drainant est leur milieu d'origine) mais il faut être plus vigilant dès le printemps. (Au Japon, juin est la saison des pluies avec une hygrométrie de plus de 90%...).
L'hydrangea Tokyo Delight, un grand hybride (h.serrata x h.macrophylla) commence tout juste à fleurir (d'abord en blanc puis bleu avant de virer au rose rouge pendant l'été). Il résiste relativement mieux que d'autres à la sécheresse
Robert Mallet (de la collection Shamrock. Varengeville-sur-mer.76) souligne les différences de caractéristiques entre les deux espèces- hydrangeas serrata et macrophylla - et distingue clairement ses recommandations quant à la plantation et l'arrosage.
Le "grand" h.serrata Grayswood (+ de 1,50 m x1,50m à maturité) beau toute la saison y compris les fleurs fanées qui peuvent rester longtemps rouge foncé et vert amande
Les h. serrata de taille modeste (0,80m à 1,20m) ont des racines en surface. En principe ils résistent mieux au froid. Ici, après les fortes gelées de l'hiver dernier, des jeunes h.serrata plantés depuis un an à peine ont totalement perdu leurs parties aériennes mais sont repartis vigoureusement du pied au printemps. 

Robert Mallet conseille d'arroser souvent les hydrangea serrata, mais peu, de ne pas attendre (ils ont du mal à récupérer après un manque d'eau), de les pailler abondamment après les pluies de printemps, et de ne planter que des plantes déjà grandes dotées de fortes racines. (Mes quelques échecs pourraient venir de là, succomber à l'envie, mais des plantes trop jeunes et faibles...). 

 Il conseille aussi de ne pas hésiter à tailler les branches les plus hautes, les plus vieilles, qui se dessèchent les premières. Je n'avais pas osé le faire jusqu'ici sur un h.serrata Beni Gaku âgé d'une dizaine d'années, transplanté de mon ancien jardin (les branches âgées et fatiguées étant seulement raccourcies). L'hydrangea peine en effet à "rajeunir" et faire de nouvelles pousses partant du pied. Je le taillerai en suivant son conseil avant le début du printemps prochain.  
L;hydrangea serrata "Shojo", un des plus beaux bleus, presque "flashy" certaines années

Les hydrangeas macrophylla demandent un sol davantage riche et humifère. Généralement plus grands (1,60 à plus de 2m tels h.macrophylla Veitchii, Sea Foam..), leurs racines plus profondes résistent à la chaleur et à un épisode de sécheresse. Robert Mallet conseille, lorsqu'on constate le soir des feuilles affaissées et des fleurs amollies, de ne pas arroser trop vite. Il est important d'encourager les plantes à chercher l'eau en profondeur. 
Il faudra arroser seulement si les feuilles ne se sont  pas relevées le matin, en laissant couler l'eau longtemps du tuyau d'arrosage (à faible débit) : l'eau pénètrera ainsi en profondeur. Il recommande aussi d'arroser de même l'hiver après un long épisode de gel non suivi de bonnes pluies.
 L.hydrangea Odoriko Amacha (serrata?macrophylla?les avis semblent diverger...), un vigoureux buisson d'1,20m bien rond et souple, très florifère  

Comme les hydrangeas serrata, les h.macrophylla seront paillés juste après l'arrosage (en veillant à ce que le collet de la plante reste dégagé).  
Je citerai deux hydrangeas macrophylla, plusieurs de cette espèce figurant aussi parmi mes préférés : l'h.macrophylla "Mariesii Lilacina" un classique créé par le grand horticulteur Victor Lemoine en 1904. Une beauté à admirer de près le mois prochain. Plus tardif il a un port souple, des fleurs fertiles violet au coeur, des fleurs stériles bleu roi et tard dans la saison un revers rouge sang (l'h. serrata Grayswood aussi, en sol neutre en tout cas car ici en terrain nettement plus acide le Grayswood ne prend pas hélas cette coloration. cf articles des 2 juillet - 21 novembre 2007, 6 août 2008).
 
Autre "coup de coeur", l'hydrangea macrophylla "Zorro" , un grand "nouveau" à fleurs bleu profond et aux spectaculaires tiges noires, vu pour la première fois dans la collection Shamrock. 
 Le tout jeune h.macrophylla Zorro planté cet hiver à l'extrémité d'un massif recomposé avec d'anciens h.macrophylla du jardin (d'une variété non encore identifiée...).

A condition d'être très attentif aux conditions d'exposition que requiert chaque plante (outre l'arrosage), - ombre totale, ombre lumineuse, mi-ombre (soleil tôt le matin seulement), "soleil" (cela dépend de la vigueur de l'ensoleillement...) - , il y a peu de déceptions ou d'échecs. Avec les hydrangeas on a l'embarras du choix.

9 commentaires:

Sylvaine Boisson a dit…

Ils sont magnifiques :)
J'adore les hortensias mais je n'en n'ai que trois en pot, la terre du jardin étant bien trop calcaire pour eux.
Bonne soirée

Dominique a dit…

En grandes potées les hortensias ont de la classe : au Bois des Moutiers, du temps des Mallet les macrophylla Mme Emile Mouillère (blancs, en boules) étaient de toute beauté.
Merci Sylvaine. Bonne fin de soirée à toi.



maryse h a dit…

Toujours aussi passionnants et instructifs tes articles .Bon, je me répète! Je pensais le contraire pour les diffréneces entre macro et serrata et cette histoire de racines est très importante.J'en tiendrai compte dorénavant.Quoique mon expérience avec les serrata sera brève et unique en son genre.J'ai testé les deux en terre calcaire amendée en humus et un peu de terre de bruyère. Autant les macro se comportent bien , autant le petit serrata reste chétif . Pourtant ses racines superficielles devraient mieux se comporter puisque moins en contact avec le calcaire qui n'est qu'en profondeur.Il a besoin de plus d'arrosage que les macro et commence à souffrir déjà .Comme tu le sais ma terre est très drainante.Dommage, j'adore ces serrata au beau feuillage automnal ! Tes hydrangéas me ramènent à ces vistes de jardins de juillet 2016 où nous avons vécu la vie en bleu dans "le jardin des sitelles" entre autres. Je raconterai l'histoire d'un petit macro vu là bas cet été ! Bises Dominique

rouge cabane a dit…

et que dire quand on commet la folie de planter des hydrangea (annabelle) en sous bois (jusque là tout pourrait aller bien !) sauf que le manque de fond ne permet pas de garder l'humidité et dès à présent c'est à raison de 45 litres d'eau par soir que j'arrive à les maintenir ... sauf que leur blancheur éclaire le sous bois et que je ne vois pas par quoi les remplacer .. dans l'absolu c'est un vrai caprice qui va à l'encontre de ce que j'essaye de mettre en oeuvre ici à savoir des végétaux peu gourmands en eau.. mais les hydrangea sont une vraie faiblesse ... évidemment, ceux que vous présentez n'auraient aucune chance ici ...mais j'ai fait miens les conseils de Mallet en ce qui concerne arrosage et paillage car je pense que cela fonctionne aussi avec les paniculata mais d'ici peu, je vous montrerai la vedette de l'été ici : un grand aspera Anthony bullivant ... beau week end

Dominique a dit…

Maryse encore merci pour tes compliments, je ne m'en lasse pas...A l'expérience, les h.serrata sont très sensibles à l'exposition qui leur convient...ou pas. C'est pourquoi j'ai fini l'article sur cette remarque. Ainsi le Sapphirine est resté"chétif" comme ton serrata pendant trois ans. Je l'ai déplacé deux fois, la première sans résultat. La seconde a été la bonne avec une croissance spectaculaire en une saison. Si tu changes, recherche un secteur plus frais et plus ombragé. Bises.

Hélène, j'ai eu la même expérience que toi avec un Annabelle dans mon ancien jardin nantais qui pourtant gardait une certaine fraîcheur. Il réclamait sans cesse d'être arrosé pour ne pas s'effondrer. J'ai fini par renoncer et l'ai laissé à son triste sort...Ah! les h.aspera...Je crois qu'Anthony Bullivant, un très beau et j'ai hâte de voir le tien (parmi les préférés de Robert Mallet, la collection Shamrock a de très grands h.aspera)est assez résistant au froid, ce qui n'est pas le cas de tous. Cet hiver ici en Bretagne sud l'aspera Rocklon a vraiment souffert (alors que lors des hivers cléments il ne perdait même pas ses feuilles...). Il se refait maintenant une santé. Quant à l'aspera villosa, il a fait partie des victimes des chevreuils l'hiver dernier, plusieurs branches maîtresses croquées ou écorcées. Il repart du pied mais il faudra impérativement le protéger J'espère que tu n'as pas ce souci. Bonne fin de soirée Hélène.

Dominique a dit…

Hélène, en sous-bois (ton commentaire me trotte dans la tête), pour remplacer les Annabelle, et puisque les h.aspera semblent se plaire chez toi, je ferai une suggestion...l'h.aspera Peter Chappell (tout blanc).
Rectificatif : le Rocklon présenté souvent comme de l'espèce aspera serait pour des spécialistes un "strigosa", nettement plus frileux, ceci expliquerait cela.
Bon we à toutes et tous.

rouge cabane a dit…

Sauf qu'il n'y a et n'aura qu'un seul aspera à se plaire ici ... car anthony bulivant a été planté (innocemment en plus !) au pied d'une descente de gouttière qui n'est pas captée ... je ne savais à ce moment là que ces petites bêtes étaient autant "soifardes" ... je voulais juste cacher un bas de mur qui précisément à cause de cela noircit et je n'en reviens toujours pas de cette bonne fortune car tout a tellement de mal à pousser ici : cela ne meure pas mais pousse lentement lentement si bien que quand quelque chose pousse normalement je fais toujours état de cette bonne fortune : je rappelle que je suis sur les affleurements calcaires et que dans cette partie de la gironde où on ne faisait pas de fondations pour des raisons économiques (pour la petite histoire le tremblement de lisbonne s'est ressenti jusqu'ici et des maisons se sont écroulées car la roche est tout sauf souple !!!) , on s'appuyait sur ces affleurements : autrement dit une maison = de la roche jusqu'à plus ou moins loin des murs ... là par miracle je dois être en deux roches ... donc toute contente dans la foulée j'ai planté sargentiana un peu plus loin .. pensant avoir le même succès ... que nenni ! demain pour la curiosité je ferai une photo des deux que j'enverrai par mail ...stupéfiant le contraste ... donc en sous bois on oublie ... ce qui est curieux pourtant c'est la présence de frênes qui se plaisent eux plutôt en sol frais ... je m'en étais ouverte à robert mallet qui avait ri en disant que lorsque j'arrosais les annabelle c'était les frênes qui étaient à la fête .... j'ai d'ailleurs acheté son livre sur l'optique des jardins dont tu ? (suis je autorisée?) parles dans ton commentaire sur mon blog ... ouvrage là aussi plus qu'instructif ... il est en permanence sur ma table de chevet ... pour pour se résumer je cherche encore les remplaçants d'annabelle ... mais difficile de les égaler ... je les regardais encore ce soir tout en les abreuvant !!! quand on aime ... beau week end

Berthille a dit…

Très intéressant tous ces renseignements sur les serrata que ce soit pour leur arrosage ou pour leur taille. Je vais être bien plus vigilante sur l'eau dorénavant. Je procédais comme pour les macrophylla et ne leur donnais à boire que lorsque le feuillage ne s'était pas redressé durant la nuit. C'est peut-être pour cette raison que j'ai perdu mon beau 'Preziosa' :-(.
Cette année ils sont splendides. Pas de gel dévastateur au printemps, une forte pluviométrie au printemps, un repos floral l'année passée où tous avaient été grillés par le gel tardif d'avril, l'APN va chauffer.

Dominique a dit…

Oui oui Berthille fais valser l'APN, j'ai hâte de connaître ta "sélection", il y a tant d'hydrangeas... Les pluies orageuses font des dégâts mais sont bénéfiques aux hydrangeas. Elles sont un repos de la jardinière (pour l'arrosage. Passons au désherbage!). Bonne semaine Berthille.