Mais c'est surtout à Didier Wirth, président du Comité des Parcs et Jardins de France que l'on doit aujourd'hui le raffinement de la restauration et la beauté inégalée du lieu.
Situé en Normandie à l'ouest de Caen, non loin de Bayeux, ce "jardin à la française" très inspiré des jardins de la Renaissance italienne n'a pas le caractère ostentatoire ni la raideur des grands jardins voulus par les puissants. Ils ont été aménagés entre 1650 et 1680 par le président du Tribunal de Caen et son fils premier chanoine à la cathédrale de Bayeux, celui-ci ayant beaucoup voyagé en Italie.
Poursuivant la mise en valeur des jardins Didier Wirth a créé sur les franges latérales proches de la maison deux longs cloîtres de charme offrant une ombre fraîche.
Il a prolongé l'axe central au-delà de la grille jusqu'à l'horizon par des alignements d'arbres soigneusement taillés. De même côté cour, en avant du portail d'entrée une longue avenue plantée rejoint les champs et le paysage de campagne.
Les proportions - volumes et hauteurs - de tous les végétaux taillés en colonnes, cônes, pyramides..., les choix et les partis comme les détails, tout est "juste".
Didier Wirth a ajouté des fantaisies et des surprises (dont une intrigante sculpture de François Xavier Lalanne dans la cour d'entrée) séduisantes lorsque en curieux on poursuit la découverte au-delà de passages ou de portes "dérobées". Dans une niche latérale d'une des terrasses, le bel Hermès ou Mercure serait-il là pour veiller sur les voyageurs que sont les visiteurs?...
Clématites à grandes et petites fleurs, printanières et estivales, pivoines, roses anciennes, entre autres plantations ont été minutieusement choisies pour les fleurs.... Une glycine du Japon donne le ton ourlant la façade d'un commun dans la cour d'entrée.
Des rosiers adoucissant les lignes grimpent sur les murs.
"Fifi la volière" : ce nom sur l'étiquette d'un rosier récemment planté au pied
d'un mur de la chapelle (accessible depuis les jardins) a attiré notre attention.
Renseignements pris, ce rosier grimpant redécouvert par hasard par un
pépiniériste breton (sic!), d'origine inconnue, a été (re)baptisé aux
Journées de la Rose de Chaalis en 2012. Il fleurira assez tard en
juillet de pompons blancs rosés.Les dernières pivoines en fleurs, dans l'attente des roses...
De sobres structures en bois soutiennent rosiers ou clématites.
Sur les hautes terrasses latérales, à l'abri des murs et des regards, insoupçonnables en contrebas, un potager et un jardin de framboises... Dans le potager deux longues platebandes de cultures associent légumes et fleurs : artichauts, salades tout juste repiquées... Au centre une simple et si élégante chaise de repos.
Au détour d'une haie, la serre (privée) du jardinier.
Les jardins du château de Brécy sont ouverts à la visite l'après-midi, 3 à 4 jours/semaine dont les dimanches et jours fériés, de Pâques à la Toussaint. Je m'arrête là. Pour convaincre rien ne vaut l'interview de Didier Wirth en vidéo sur Youtube (sites web du CNPF: parcsetjardins.fr. ou www.jardin-jardinier.com). Une grande leçon d'art des jardins avec toute mon admiration.
5 commentaires:
Su-per-be !
Merci Silène.
A priori, ce type de jardin n'est pas de ceux qui me procurent beaucoup d'émotion et pourtant, sans bien savoir dire pourquoi, celui ci est l'exception qui confirme la règle... et je retrouve à travers ton excellent reportage, le plaisir ressenti lors de ma visite ... j'avais beaucoup aimé également l'habillage de coquillages d'une des fabriques tout comme de savoir que repose là Barbara ... alors merci de m'avoir donné ce plaisir car faute de batterie je n'avais pas fait de photos !!!
Merci beaucoup pour ces compliments. En effet un des pavillons dont la porte ostensiblement ouverte incite à franchir le seuil est une des surprises que réserve Didier Wirth aux visiteurs : les murs de la petite pièce du rez de chaussée sont recouvertes de coquilles Saint-Jacques (clin d'oeil sans doute au port de pêche de Port-en-Bessin, très proche, dont c'est une spécialité), moules,pétoncles, selon un joli dessin et un fond bleu pâle. Avec un goût exquis et une qualité d'exécution. Cette mise en décor est contemporaine (ayant interrogé le gardien à l'accueil), réalisée par deux stagiaires américaines.
Elle fait penser aux grottes ornées de coquillages aménagées dans des jardins à la Renaissance italienne puis plus tard au 17èsiècle en France, en Angleterre.. et jusqu'à une période récente. Un décor exubérant, magnifique, couvre la totalité (murs et plafonds) des "commodités" de la maison d'Hélène Dillon célèbre jardinière à Dublin! A Kerdalo en Bretagne, le prince Wolkonsky a orné l'intérieur du pavillon au bas du jardin de formes figuratives réalisées en coquillages. Tous très fragiles, beaucoup en mauvais état, la plupart des décors en coquillages encore existants ne sont pas visitables aujourd'hui.Un autre décor extraordinaire que j'ai eu l'occasion de visiter (celui-ci en galets, pierres noires et blanches)est le rez-de-chaussée, au ras de l'eau, du palais baroque Borromée sur l'ile d'Isola Bella (lac Majeur).
Si tu es intéressée, j'ai fait des photos de ce décor en coquillages à Brécy. En m'envoyant par mail (tempsdejardin940@gmail.com) ton adresse électronique je peux t'en faire suivre quelques-unes en souvenir.
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