jeudi 19 juillet 2018

Amour ou haine ? Les montbrétias

Certains les adorent pour la facilité de culture, l'absence d'entretien, l'abondance et la gaieté des fleurs, la durée de floraison l'été (du début juillet à septembre). Le climat breton semble convenir à ces bulbes originaires d'Afrique du Sud qui apprécient les sols légers et frais au soleil, résistant quand même au froid (jusqu'à -12°). 
D'autres s'en méfient comme de la peste...leur vigueur à se propager dans les massifs étant réputée difficile à contrôler.
Ils sont arrivés ici du Vasterival subrepticement au pied d'un hydrangea angustipetala macrosepala (en même temps que l'anemone nemerosa à minuscules fleurs vertes. cf article du 3 mai 2018). J'ai hésité à conserver les bulbes ou plutôt des cormes (ayant l'aspect de bulbes mais formés " d'une tige renflée entourée d'écailles" cf.Wikipédia) lorsque sont sorties de terre les jeunes feuilles bien reconnaissables.

Montbrétias ou crocosmias ? Il semble que le terme montbrétia s'applique aux "vieux" cultivars (crocosmia x crocosmiflora) alors que les "modernes" sont d'autres hybrides (crocosmia x masonorum). Dont acte. Leurs caractéristiques diffèrent : un feuillage souple, des petites fleurs abondantes et une floraison même à mi-ombre, un caractère assez envahissant (crocosmia x crocosmiflora) ; un feuillage raide et plissé, de plus grandes fleurs en épis (crocosmia x masonorum), à l'exemple du célèbre Lucifer rouge vif. 

Les montbrétias seraient plus rustiques que les autres crocosmias. Découverts il y a une centaine d'années, issus d'un croisement  (c.aurea et c.potsii), les montbrétias ont d'abord été identifiés sur des talus, dans des haies, sur des terrains en friche des côtes atlantiques africaines.  Beaucoup ont été produits et nommés depuis. 
Les montbrétias au Vasterival (extrait op. cité ci-adessous)
 Pour en savoir un peu plus sur les intrus j'ai repris le premier ouvrage publié en 1995 par la princesse Sturza sur le Vastérival. Les montbrétias y figurent en effet, photographiés dans un massif orangé estival composé de rosiers (Buff Beauty, Mrs Oakley Fisher, Whisky Mac, Abraham Darby) avec une graminée, le carex buchananii, des dahlias à fleur de cactus ton sur ton et des pavots orange.  Ailleurs dans son jardin une clématite Niobe rampe au pied d'un pommier parmi le feuillage de montbrétias.

La princesse précise que tous les bulbes restent en terre protégés l'hiver par son fameux "mulch". Tous les deux ou trois ans au printemps, ils sont sortis, divisés et replantés dans une terre enrichie de fumier et de compost (Le Vastérival. Jardin d'une passion. Princesse Greta Sturdza. La Maison Rustique. 1995).

Toujours au Vastérival dix ans plus tard, si les montbretias ont été remplacés dans certains massifs pour changer leur tonalité (du rouge orange au rouge bleu violacé...), on remarque des montbrétias dans plusieurs lieux du jardin. Ils sont ainsi en fleurs à l'ombre du pied d'un prunus, en harmonie avec le brun clair et brillant de l'écorce. Des montbrétias au pied d'autres rosiers, des montbrétias encore pour leur jeune feuillage vert tendre devant une azalée blanche Palestrina près de sceaux de Salomon. Et une touffe de montbrétias au milieu d'une multitude de fougères et de graminées dans un creux très frais l'été. (Un jardin pour les quatre saisons. Princesse G.Sturdza. Ulmer. 2005).   
Ici pas question de replanter les montbrétias dans la bordure de vivaces en mélange : avec le temps je crains qu'ils étouffent leurs délicates voisines. A toute fin je les ai cantonnés dans un triangle entre trois arbustes. 
Ces arbustes en mai dernier à l'ombre le matin : (sur la gauche) boutons à fleurs du rhododendron Fabia et devant jeunes pousses du pieris "ton sur ton" 
Deux de ces arbustes ont aussi à d'autres saisons des tonalités orangées : le pieris japonica Forest Flame (les jeunes pousses), le rhododendron Fabia (les fleurs en trompette), le troisième arbuste étant le chèvrefeuille d'hiver (lonicera fragrantissima). Le feuillage des montbrétias, abondant et élancé, haut d'une soixantaine de cm,  apportera un contraste aux feuilles des arbustes hors période de floraison.

Visuellement les montbrétias seront proches d'un autre massif aux mêmes teintes chaudes (des euphorbes griffithi Great Dixter, Fire Glow, une fougère - dryopteris  erythrosora -, le revers des feuilles d'un  rhododendron). Plus tard les couleurs automnales du feuillage des montbrétias seront à l'unisson.
A proximité le tout jeune rhododendron Sir Charles Lemon commence à montrer après 4 ans de plantation le revers magnifique de ses feuilles 
 Les euphorbes griffithii Fire Glow très lumineuses au printemps ont pâli en fin de floraison
Entre les trois arbustes les bulbes pourront se développer  librement, occuper tout l'espace (concurrençant les "mauvaises herbes": glechome, lierre rampant, semis de violettes) et sans laisser grainer les fleurs seront faciles à circonscrire. En d'autres termes je les garde à l'oeil.

6 commentaires:

maryse h a dit…

Chez moi ils se propagent beaucoup et surtout ne fleurissent plus au bout de trois ans.Il faut les diviser souvent . Ceux trop au sec n'ont pas de fleurs également .Je constate donc qu'ils leur faut une terre fraiche et riche pour fleurir.Ils font partie néanmoins de mes fleurs "chouchous" pour cette période de l'année .La couleur automnale de leurs tiges me ravit également .Je ne connais pas le nom de ma variété , les cormes m'ont été offertes.Je pense que ce sont des crocosmias au vu de ce que tu décris .Ces associations aux couleurs chaudes accompagnent bien la chaleur de l'été .Petit pluie rafraichissante ce soir . Bises Dominique

Dominique a dit…

Trois ans sont donc la "dead line" pour les diviser. Très bien, merci pour l'info. Maryse. Je partage ton avis sur ces fleurs légères et lumineuses et c'est pourquoi j'ai finalement planté les deux bulbes. Les couleurs chaudes sont formidables en effet dans le soleil d'été...même en Bretagne : cette année, non stop, depuis des semaines (sans aucune pluie alors qu'elle était annoncée pour hier, aujourd'hui, demain....). Profite Maryse! Ici chaque matin au lever du jour 1h30 d'arrosage au jardin par zone...et je recommence....
Bon we. Bises Maryse.

rouge cabane a dit…

D'abord, chez le duo hier et aujourd'hui chez toi, et voilà deux fois le sujet nous montbretia/crocosmia est évoqué... et c'est là que je prends conscience d'en avoir et de ne pas les voir ...ils nous ont été donné dans un temps fort lointain où par respect pour le donateur, on gardait mais on mettait n'importe où et du coup,ils sont restés n'importe où et il y a belle lurette que je ne les vois plus ... surprenant n'est ce pas, d'autant que je passe à côté chaque jour mais je n'en fait aucun cas ... or depuis hier, je les regarde d'un autre oeil ... évidemment, cela suscite une analyse critique ... ont il réellement leur place là ? et de plus ils mériterit peut être mieux que d'étre ensevelis derrière d'autres plantes (ici je rappelle rien n'est envahissant) tout au plus au printemps, j'en arrache comme j'arrache du lierre, ou du lamier sans aucune autre considération ... eh bien grace à vous deux, ils vont peut être mieux considérés ... d'ailleurs je me demande bien ce que j'ai ... montbretias peut être ? belle fin de semaine

Dominique a dit…

Ton commentaire m'a fait sourire (sinon rougir). Tu connais l'adage "il n'y a pas de mauvaises plantes...". En complémentaire du bleu, l'orange peut être "top" donc je suis ravie que nous t'ayons apporté un autre regard et que nous échangions comme çà (un des buts du blog Tempsdejardin). Mais d'abord oui encore faut-il connaitre qui ils sont. En potée, pour voir? Facile à déplacer pour tester. La fameuse Gertrud utilisait beaucoup le procédé y compris pour combler "un trou" à cette saison. ici enfin la pluie. Dans mon élan je propose un nouvel adage: "pluie du matin ne rend pas chagrin". Bon we à toi.

Berthille a dit…

J'ai eu des 'Lucifer' durant plusieurs années jusqu'à ce qu'ils ne réapparaissent plus un certain printemps. Trop grand froid, appétit des campagnols ? Je n'ai pas creusé. Je n'en n'ai jamais remis et pourtant j'aimais bien le peps de leur floraison, leurs semences et leur jaune automnal. Jamais divisés, je comprends pourquoi ils étaient de moins en moins florifères et cela ne m'incite pas vraiment à retenter leur plantation malgré nos hivers de moins en moins rigoureux.

Dominique a dit…

Aïe! Berthille, tu m'apprends que les campagnols pourraient croquer ces bulbes. J'ai remarqué ces dernières semaines une recrudescence des petits rongeurs qui pullulaient il y a deux ans.
"Wait and see". Ayant seulement ici deux bulbes nouvellement replantés, je n'en suis pas à les diviser. Mais leur avenir semble incertain. Je constate aussi que le sol ayant été paillé de tontes de pelouse sur une bonne épaisseur ils ne semblent pas souffrir jusqu'à présent de la sécheresse estivale.
Bon courage à toutes et tous pour faire face à la canicule dont nous sommes peu à être épargnés.